Damas dénonce une attaque
"monstrueuse" après le raid américain
envoyant dimanche quatre hélicoptères de combat mener un raid contre un
village proche de la frontière irakienne. Huit civils syriens ont été
tués dans cette attaque.
Bagdad, le gouvernement irakien a affirmé que le raid visait des insurgés opérant à partir du territoire syrien.
"Le secteur attaqué était le théâtre d’activités de groupes terroristes opérant à partir de la Syrie contre l’Irak",
a dit le porte-parole du gouvernement, Ali al Dabbagh. "L’Irak avait
demandé à la Syrie de lui remettre ce groupe, qui utilise la Syrie
comme base à ses activités terroristes."
Selon les autorités de
Damas, les appareils américains ont ouvert le feu sur la ferme d’Al
Soukkari, dans le secteur d’Abou Kamal, dans l’est du pays limitrophe
de l’Irak. Des soldats américains ont également pris d’assaut un
bâtiment dans cette zone, affirment les Syriens.
Washington, qui reproche depuis longtemps à la Syrie de ne rien
faire pour empêcher l’arrivée de combattants islamistes en Irak, n’a ni
démenti ni confirmé cette opération.
"C’est un raid monstrueux,
qui est contraire au droit international. C’est un crime terrible, dont
j’ignore la signification politique. Nous attendons des Américains
qu’ils nous fournissent des explications", a dit à Reuters
l’ambassadeur de Syrie à Londres, Sami al Khiyami.
Il n’a pas
exclu que son pays, en fonction de la réponse américaine, porte plainte
devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
"Suivant les
raisons qu’ils invoqueront, nous verrons ce que nous ferons. Ils ont
tué des civils, ils doivent reconnaître leur erreur et indemniser les
victimes", a poursuivi l’ambassadeur.
Les forces américaines dans
l’ouest de l’Irak ont démenti être impliquées dans cette attaque, ce
qui laisserait à penser que le raid a été mené par des forces spéciales
opérant en dehors des structures habituelles de commandement.
UN RAID DE QUATRE MINUTES
Des
images de Reuters Television montrent une exploitation agricole d’une
superficie d’environ un demi-hectare et un camion criblé de balles.
"Quatre
hélicoptères sont venus de directions différentes, deux d’entre eux se
sont posés, des soldats en sont sortis et ont commencé à tirer", a
déclaré Oussama Malla Hamid, propriétaire d’une ferme à 300 mètres du
lieu de l’attaque.
"Ils sont restés environ quatre minutes et
puis sont repartis", a-t-il ajouté. Son neveu, qui était à moto non
loin de là au moment du raid, a été blessé à la main.
A l’hôpital
d’Abou Kamal, une femme blessée, épouse du vigile du bâtiment attaqué,
a confirmé à la télévision syrienne le témoignage d’Hamid. Elle a
précisé qu’elle-même avait été prise sous des tirs de
fusils-mitrailleurs.
Le ministère syrien des Affaires étrangères
a convoqué le chargé d’affaires américain à Damas pour lui remettre une
protestation officielle.
La Syrie a également demandé aux
autorités irakiennes d’ouvrir immédiatement une enquête et de s’assurer
que l’Irak ne sera pas utilisé comme une base de départ pour mener "une
agression contre la Syrie", rapporte l’agence officielle syrienne Sana.
"S’ils
(les Etats-Unis) ont la preuve de la présence d’insurgés, au lieu
d’appliquer la loi de la jungle et de pénétrer, sans aucune
provocation, sur le territoire d’un pays souverain, ils feraient mieux
de venir voir d’abord les Syriens et de partager leurs informations", a
estimé sur la BBC l’attaché de presse de l’ambassade de Syrie à Londres.
"L’administration
(américaine) a montré combien elle était irrationnelle et combien elle
méprisait les règles internationales et les droits de l’homme", a-t-il
dit.
A Washington, un porte-parole du Pentagone a affirmé ne
détenir aucune information sur le sujet. La Maison blanche, de même que
la CIA, ont refusé de faire le moindre commentaire.
Avec Samia Nakhoul et Mark Trevelyan à Londres, Yara Bayoumy à Beyrouth, version française Guy Kerivel