Le coup de bluff de l’armée colombienne
de renseignements colombiens ont-ils réussi à tromper l’un des groupes
les plus paranoïaques au monde ? Décryptage d’un plan qui s’est déroulé
sans accroc.
«
Opération digne d’un film », « grande épopée épique »… Les autorités
colombiennes n’ont pas de mots assez forts pour qualifier leur succès,
après la libération d’Ingrid Betancourt et de 14 autres otages des
Farc. Un ingrédient fait pourtant défaut pour en faire un blockbuster
hollywoodien : des fusillades. Alvaro Uribe, le président colombien,
l’a souligné à plusieurs reprises : pas une balle n’a été tirée durant
l’opération, et personne n’a été blessé. « Jamais nous n’avons
improvisé », déclare-t-il pour expliquer le succès inespéré d’une
opération minutieuse menée par une armée moderne et efficace.
Ingrid
Betancourt avec le général Mario Montoya, commandant en chef des forces
armées colombiennes. (AP Photo/William Fernando Martinez)
Crédits photo : AP
Acte I : l’infiltration. Selon les éléments
disponibles jeudi matin, la Colombie avait réussi à infiltrer des «
agents » du renseignement militaire à deux niveaux de l’organisation
des Farc. « Au moins un homme » a réussi à intégrer le « premier cercle
des Forces armées révolutionnaires de Colombie », son secrétariat,
instance de direction collective. D’autres semblent avoir été placés au
sein du front numéro 1 des Farc, dirigé par Gerardo Antonio Aguilar,
alias «Cesar». La Colombie n’a pas précisé combien d’agents ont
participé à ce grand bluff, ni depuis quand ils étaient infiltrés.
Reste que cette première étape a été permise par un intense travail de
renseignement, avec la collaboration des Etats-Unis et de consultants
israéliens.
Acte II : le repérage. Dans une interview à
paraître samedi dans Le Figaro Magazine, le colonel Gomez, l’un des
principaux organisateurs de ces libérations, précise que l’armée
colombienne avait localisé les otages depuis «environ quatre mois».
«Nous disposions de renseignements techniques et aussi d’informations
obtenues par des ‘infiltrés’. Environ 200 soldats étaient impliqués
dans cette phase, et certains ont pu s’approcher très près de la zone
où se trouvaient les otages sans être repérés. Début mai, des soldats
ont même vu deux des otages américains, et deux des Colombiens qui se
lavaient dans la rivière, mais on n’a pas voulu tenter une libération
pour ne pas mettre en danger la vie des autres.
Acte III: le bluff. L’objectif du président Uribe
est de faire libérer les otages les plus importants, au premier rang
desquels Ingrid Betancourt et les trois Américains. Mais ils sont
divisés en trois groupes, détenus en des lieux différents. Profitant de
la décapitation de l’organisation après les décès du numéro 2 Raul
Reyes et du chef historique Manuel Marulanda, grâce à l’agent infiltré
au sein du secrétariat, l’armée réussit à faire croire aux Farc que
leur nouveau chef, Alfonso Cano, a ordonné le regroupement des otages
et leur transfert en un nouveau lieu, en vue d’un éventuel échange de
prisonnier. Selon le colonel Gomez, les agents parviennent même à faire
circuler cet ordre fictif sur les ondes radio de la guérilla.
Les geôliers sont donc convaincus qu’ils doivent transférer ces 15
otages qui faisaient partie d’un groupe de 39 captifs dit «politiques»
que les rebelles voulaient échanger contre 500 des leurs incarcérés par
les autorités colombiennes. Le commandant Asprilla des Farc le confirme
à Ingrid Betancourt une heure avant l’opération. Les otages sont alors
menés vers un point de rendez-vous, où les attendent deux hélicoptères.
Ils sont blancs, sans le moindre signe distinctif. Il s’agit en réalité
de M-17 de l’armée colombienne, repeints au plus vite par les
militaires.
Acte IV : l’action. Le plan étant ficelé, restait à
passer à l’action. L’armée avait bien un « plan B » en cas d’accroc :
encercler les geôliers des Farc sans les combattre et à faire venir des
organisations humanitaires pour négocier les libérations. Mais il n’en
sera pas fait usage. Des hommes descendent d’un des hélicoptères. Ils
portent des t-shirts à l’effigie de Che Guevara et sont même équipés
des fusils AK-47, des armes typiques de la guérilla et pas de l’armée
colombienne. Ils disent être chargés de transporter les otages par
hélicoptère vers un camp pour y rencontrer le nouveau chef des Farc,
Alfonso Cano. En confiance, Cesar grimpe dans l’appareil. Il est
aussitôt neutralisé par les agents colombiens. Pendant ce temps,
d’autres hommes menottent les otages pour donner le change aux autres
guerilleros et les font monter dans le M-17. Les portes sont claquées
derrière eux. Au total, cette phase n’aura pas duré plus de cinq
minutes.
Acte V : la délivrance. Aussitôt, Ingrid Betancourt remarque un homme nu,
les yeux bandés, sur le plancher de l’appareil. Elle reconnaît alors
Cesar, son tortionnaire, qui l’avait humiliée à plusieurs reprises
durant sa captivité. Le commandant, ainsi qu’un membre de son
état-major, semble avoir été auparavant trompé par les déguisements et
aussitôt neutralisé. C’est à cet instant que le chef de l’opération de
l’armée colombienne tombe le masque. « Vous êtes libres ». Les otages
crient, pleurent, sautent en l’air de joie, selon le récit de
Betancourt qui souligne avoir eu très peur que l’hélicoptère ne
s’écrase. Au total, neuf personnes ont participé à cette phase de
l’opération.
http://www.lefigaro.fr/international/2008/07/03/01003-20080703ARTFIG00298-le-coup-de-bluff-de-l-armee-colombienne.php
Enfin Ingrid Bétancourt est libre et, ce, par
l’action assez fine pour une fois, du président Uribe et de l’armée colombienne.
Je me réjouis que cette affaire soit enfin terminée, sans violence et
sans que ce soit Nicolas Sarkozy qui tire la couverture à lui.
Les jours prochains me feront mentir peut-être. Par exemple, en envoyant Cécilia
euh pardon Carla la chercher à Bogota. On aura certainement droit à une
déclaration de la sénatrice colombienne remerciant le peuple français
et son président d’avoir fait tant et tant. Elle fera sûrement pareil
avec Chavez …
Attendez-vous néanmoins à des éditions spéciales, des interventions
télévisuelles, des commentaires avertis de tout ce que la France compte
d’experts de la Colombie et de l’Amérique Latine sans oublier les
comités de soutiens, les personnalités médiatiques qui se sont engagés
peu ou prou pour soutenir ici, protester là.
Juste avant le Tour de France, les pieds sur des pédales très affutées,
les officiels de la caravane Bétancourt vont nous faire asister à une
course folle. Le critérium de la récupération…Je ne parle pas de sa
famille qui a tant souffert et qu’on a souvent tenté de manipuler.
Pour l’ ascension du col de la diplomatie secrète,, l’homme en forme
est Bernard Kouchner. Pour la descente vertigineuse vers la plaine des
chefs d’état et des officiels, il y a Fillon et surtout son patron
Nicolas Sarkozy malgré sa vidéo adressée à un mort. Mais Delanoé n’a
pas dit son dernier mot avec ses banderoles et affiches parisiennes.
On dit que BHL a déjà trouvé le thème de son prochain bouquin : Dans la jungle avec les FARC et les narcotrafiquants…
Un conseil : coupez la télé au moment des éditions spéciales ou bien allez leur jeter des seaux d’eau à leur passage…
http://miltondassier.over-blog.com/article-20938551.html
On
ne peut que se réjouir de la libération d’Ingrid Bétancourt, pour elle,
pour sa famille, je pense en particulier à sa mère, à ses enfants. Mais
parce qu’ils ont souffert, il comprendront qu’il n’existe pas de
véritable joie quand d’autres s’enfoncent dans l’enfer. Tous les être
humains se vallent et ceux dont les médias se préoccupent ont le même
coeur, la même valeur que le pauvre homme ou la pauvre femme qui meurt
en silence, celui que l’on torture, ou cette paysanne que l’on viole,
ce syndicaliste assassiné. Je ne peux m’empêcher de penser que tout ce
qui renforce Uribe et son sytème mafieux se paye en crimes et larmes
pour une population colombienne, déplacée à travers un territoire,
soumise à la violence. Les otages sont en bonne santé, j’aimerais
pouvoir en dire autant de ceux qui croupissent dans les prisons d’Uribe.
Je revois ce match de foot où le ballon était dégonflé, il
s’agissait d’une tête avec laquelle jouaient les paramilitaires et
l’armée colombienne.
Donc ce soir réjouissons-nous, mais n’oublions pas le peuple
colombien otage des paramilitaires, des trafiquants de drogue, de
l’armée nord-américaine. N’oublions pas qui est uribe, la manière dont
il menace ses voisins pour le compte des Etats-Unis.
Danielle Bleitrach
– Ingrid BETANCOURT libre:
La caravanned du tour médiatique se prépare et la récupération politicienne par
la France bat son
plein avec l’intox sur cet affaire qui a longtemps défrayé la chronique.
– Avec Alvaro Uribe, juste avant une conférence de
presse à Bogota
– Ingrid Betancourt au moment de sa libération
– Les sites Internet des principaux
journaux colombiens saluent la libération d’Ingrid Betancourt et s’interrogent
désormais sur le futur des Farc
–
Selon le ministre colombien de la
Défense, les services de renseignement militaires sont
parvenus à placer au moins un de leurs hommes au sein du «secrétariat des
Farc», l’organe de commandement de la guérilla.