Iran: ambitieux programme
spatial et balistique
Alors que le lancement imminent d’une fusée
nord-coréenne visant à mettre en orbite un satellite ou à atteindre des
objectifs militaires retient l’essentiel de l’attention de la
communauté mondiale, une information est passée quasiment inaperçue: le
satellite iranien lancé le 2 février dernier a achevé son existence,
après avoir fonctionné 40 jours.
Par Andreï Kisliakov, RIA Novosti
tout ce qui a été créé de meilleur à une époque par l’URSS, la Chine et
la Corée du Nord, va permettre à la République Islamique de devenir
rapidement une véritable puissance spatiale, détenant de puissants
missiles stratégiques. A côté du nucléaire civil, le perfectionnement
des technologies spatiales et balistiques constitue l’orientation
principale du développement des Forces armées de l’Iran et de son
industrie.
Aussitôt après le lancement réussi d’un satellite en février, le chef
de l’Agence spatiale iranienne, Reza Taghipour, avait révélé dans une
interview certains détails du programme national de conquête de
l’espace.
Par
exemple, la République Islamique prévoit d’envoyer dans l’espace, d’ici
2021, son premier astronaute grâce à une fusée de fabrication
iranienne.
a déclaré pour sa part que Téhéran était en train de concevoir sept
modèles de satellites, dont trois appareils de télécommunications
destinés à être placés sur une orbite élevée. Selon ses projets, l’Iran
devrait avoir cinq satellites fonctionnant en orbite en 2010.
Il est à noter que le responsable de
l’astronautique iranienne a confirmé l’intention de son pays d’aller
plus vite, notamment, que la Chine, laquelle a mis 15 ans à préparer
son premier vol habité.
Téhéran ne manque pas d’ambitions
spatiales, mais celles-ci, il faut le dire, sont tout à fait fondées,
surtout dans le domaine du développement des technologies balistiques.
Le premier satellite iranien, Omid (Espoir), a été placé en orbite par
la fusée porteuse à deux étages Safir-2 (Ambassadeur). Selon des
informations en provenance de Téhéran, des fusées porteuses du type
Kavoshgar seront lancées prochainement.
Les services de renseignement
occidentaux ont déjà prévenu: les succès remportés par l’Iran dans la
construction de fusées civiles témoignent de ses nouvelles possibilités
de perfectionner ses missiles balistiques stratégiques.
Les prototypes des missiles iraniens
sont le missile tactique soviétique RS-14 Scud et ses versions
nord-coréennes et chinoises modernisées. Les missiles iraniens de ce
type sont les Shahab. Leur fabrication a débuté au début des années 90,
lorsque avaient été développés les missiles Shahab-1 et Shahab-2 sur la
base de plus de 300 missiles Scud achetés à la Corée du Nord. En 1997,
la République Islamique d’Iran a lancé sa propre fabrication de ces
missiles. Selon certaines données, l’Iran fabriquerait également des
missiles Shahab-2 en Syrie.
Une nouvelle étape a été franchie avec
le missile Shahab-3, qui repose sur les missiles nord-coréens
Nodong-1/A et Nodong-1/B. Il n’est pas exclu que ces derniers aient été
conçus et modernisés avec le soutien financier de l’Iran. Tout en
engageant une série d’essais de ce missile en 1998, Téhéran a amorcé la
conception du missile Shahab-4. Le premier lancement réussi d’un
Shahab-3 doté d’un nouveau moteur nord-coréen a eu lieu en juillet
2000. Le 22 septembre 2003, des missiles Shahab-3 installés sur des
rampes de lancement mobiles ont été présentés lors d’une parade
militaire à Téhéran.
Les analystes occidentaux estiment que
ce missile, d’une portée d’environ 2.000 km et d’une charge utile de
700 kg est, en fait, un missile de moyenne portée. Ou, pour appeler les
choses par leur nom, une arme stratégique. Qui plus est, si l’on en
croit les informations publiées, au début de l’année dernière, les
Iraniens ont porté la charge utile du missile à 1,3 tonne, sans
diminuer pour autant la portée du tir.
Les travaux battent leur plein en vue
de fabriquer des missiles balistiques à propergol solide Shahab-5 et
Shahab-6, d’une portée respective de 3.000 km et 5.000 km. Autrement
dit, Téhéran n’est pas loin de créer des missiles stratégiques de
portée intercontinentale.
L’infrastructure au sol est adaptée à
l’ampleur de ce programme de missiles. L’Iran dispose déjà de sept gros
centres de conception et de fabrication de missiles (Ispahan, Semnan,
Chiraz, Sultanatabad, Lavizan, Kukh-Eh-Bardjamali et Chahroud), sans
compter de nombreuses entreprises plus modestes.
L’ambition inébranlable de Téhéran de
renforcer ses troupes balistiques est confirmée par le fait que les
unités de missiles ont été confiées depuis peu aux unités d’élite des
Gardiens de la Révolution islamique.
Désormais, le statut des troupes de
missiles est encore plus élevé. Elles sont subordonnées au seul chef
spirituel de la République Islamique d’Iran.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l’auteur.
Mardi 07 Avril 2009
fr.rian.ru