L’Administration américaine, l’actuelle et la prochaine, veulent diriger toutes les opérations militaires en Afghanistan où la guerre va s’intensifier dans les mois à venir avec le recours de plus en plus fréquent à des sociétés sous traitantes et leurs mercenaires.
Ces changements auraient de vastes répercussions pour l’OTAN, qui cherche à prouver pour la première fois en Afghanistan qu’elle a la capacité de mener des opérations offensives d’envergure à l’étranger en dehors de son champ d’action défensif opérationnel traditionnel.
Selon un article du quotidien britannique The Independent du 18/09/08 intitulé « US seeking sole command of NATO’s war against the Taliban « l’objectif serait de réorganiser entièrement la chaîne de commandement afin que le général américain David McKiernan, à la tête de toutes les opérations en Afghanistan soit directement responsable devant ses supérieurs du CENTCOM à Tempa en Floride.
Tout changement pour faire en sorte que la guerre d’Afghanistan devienne une opération dirigée par les Américains risque d’être mal accueilli dans plusieurs pays de l’OTAN qui ont sur le terrain des forces qui participent à cette guerre. Les opinions publiques de ces pays – Italie, Allemagne, Canada, France, pour ne citer qu’eux- sont déjà majoritairement contre la présence de leurs soldats dans ce qu’elles considèrent, à juste titre, comme une guerre d’occupation vouée à l’échec comme l’ont été toutes les guerres d’occupation en Afghanistan.
Les troupes américaines récemment envoyées en Afghanistan en provenance d’Irak ont affirmé que les opérations étaient contrecarrées à cause de la structure de commandement non unifiée. Il existe deux missions séparées en Afghanistan celle de l’OTAN/ISAF (International Security and Assistance Force) et l’Opération Enduring Freedom des Américains le long des frontières bordant le Pakistan. C’est donc ces deux missions que Washington veut regrouper sous un commandement unique, sous la responsabilité du Général américain Mc Kiernan dans le but d’outrepasser les règles d’engagement des forces de l’OTAN et de faire en sorte que toutes les troupes obéissent à celles beaucoup moins contraignantes des forces armées US.
Bien sûr, les américains sont conscients du fait que ce sujet d’un commandement unique sous entière responsabilité américaine est ultra sensible aux yeux de leurs alliés au sein de l’OTAN. Le secrétaire d’état à la défense américain, Robert Gates, a récemment déclaré que « la structure du commandement est un sujet sensible aux yeux de nos alliés. Et s’il devait y avoir des changements cela nécessiterait des consultations plutôt intensives avec nos alliés ».
En attendant, une possibilité est actuellement envisagée celle de laisser aux forces de l’OTAN la responsabilité de la logistique, des forces de protection et des affaires publiques, tandis que les opérations de contre insurrection seraient dirigées par CENTCOM avec à sa tête le général Petraeus.
Ainsi donc, tout pays fournissant des troupes pour ce type d’opération dépendrait donc directement de CENTCOM, du commandement central américain. Sarkozy a évoqué la possibilité de renvoyer en Afghanistan les forces spéciales déployées sous Chirac et qui participaient à ce type d’opérations dites du renseignement, Chirac les ayant retirées ensuite. Si tel était le cas, ces forces spéciales obéiraient donc aux ordres de Washington et non plus de Paris.
Autrement dit, Sarkozy, en tant que Président de la France, abandonnerait aux Américains ses prérogatives de chef d’état major de l’armée française, responsable de ces forces spéciales.
Ne peut-on considérer cela comme un acte de haute trahison ?
Illustration L’Instit
Les US ont de plus en plus recours aux sociétés sous traitantes et leurs mercenaires en Afghanistan
De même, un contrat de 50 millions de dollars vient d’être signé avec Prime Projects International par le Département Ingénierie des forces armées US, pour l’agrandissement de la prison de Bagram pour qu’elle puisse recevoir 1000 détenus de plus, certains considérés comme à haut risque. Le Pentagone projette également de développer les opérations de renseignements à l’intérieur de cette prison, autrement dit d’accroitre les interrogatoires et autres méthodes pour soutirer des informations, et pour se faire, il est à la recherche d’interrogateurs et d’analystes venant du privé. Toujours selon l’article du Washington Post, le Pentagone est à la recherche d’un « Mullah expérimenté » pour organiser des offices religieux pour les détenus et conseiller les US sur des questions ayant trait à la religion.
A la prison de Bagram sont enfermés de nombreux détenus afghans, souvent pendant des mois voire des années, sans qu’ils puissent bénéficier de l’aide d’un avocat ou sans même savoir le motif de leur incarcération. Bagram est l’équivalent de Guantanamo en Afghanistan.
Ces sociétés privées et les mercenaires qu’elles emploient n’ont généralement de compte à rendre à personne, et le droit international et les lois qui gouvernent la guerre sont de ce fait largement bafouées.
Alors que l’Administration américaine prévoit d’envoyer plus de troupes en Afghanistan, il est évident que le nombre de sociétés sous traitantes et de mercenaires lui aussi va augmenter pour le plus grand profit de ceux -ci, mais aussi pour certains élus du Congrès américain qui ont investi pas moins de 196 millions de dollars de leur propre argent dans ce type de sociétés bénéficiant de contrats mirobolants du Pentagone se chiffrant à des millions de dollars.
Pour ces vautours américains, en Afghanistan comme en Irak c’est « Bizness as usual » –Bizness comme d’habitude.