porochenko USA Ukraine

L’effondrement de la majorité au pouvoir au parlement ukrainien a été prédéterminé au moment même où la décision a été prise de créer une coalition entre le Bloc Ioulia Timochenko (BIT) et Notre Ukraine – Autodéfense populaire (NUAP).

En Ukraine, le président Iouchtchenko lui-même semblait s’attendre à de possibles problèmes, lui qui n’avait apparemment pas prévu le résultat phénoménal de sa principale concurrente aux dernières élections législatives anticipées.

Le président avait toutes les raisons de compter sur la formation d’une coalition NUAP – Parti des régions à l’issue du scrutin, ne serait-ce que parce qu’aucune autre forme de majorité ne pouvait fonctionner, et parce qu’il était possible d’expliquer une si étrange alliance par les intérêts de la stabilité dans le pays.

Le succès de Timochenko a brouillé toutes les cartes.

Confronté à cet imprévu, Iouchtchenko a tenté de proposer la formation d’un gouvernement d’union nationale, supposant l’intégration au pouvoir du Parti des régions. Mais Timochenko n’était pas du tout intéressée par cette forme de coalition, et Iouchtchenko lui-même ne pouvait franchir le pas en raison du manque de soutien évident que rencontrait cette initiative au sein de son bloc : Autodéfense populaire s’était « rallié » à Timochenko presque immédiatement après les élections.

C’est pourquoi il ne restait aux partis vainqueurs des législatives aucune autre alternative que de former une coalition entre le BIT et NUAP. Le tout dans une situation où le principal objectif de Ioulia Timochenko devint alors d’éliminer un possible concurrent pour la
présidentielle de 2010. Il en allait d’ailleurs de même pour Iouchtchenko. Il aurait été extrêmement osé d’imaginer, dans ce schéma, que le pouvoir puisse fonctionner efficacement.

Ainsi, les quelques mois de gouvernance de Ioulia Timochenko, comme il fallait s’y attendre, se sont déroulés dans une atmosphère de confrontation ouverte.

En fait, cette confrontation aurait parfaitement pu se poursuivre encore quelque temps, mais, peut-être pour la première fois dans l’histoire politique ukrainienne, le facteur personnel a eu son influence.

Le conflit russo-géorgien a en effet obligé les politiques ukrainiens à prendre position. Iouchtchenko a abandonné sa rhétorique de conciliation et pris ostensiblement place au sein du club des présidents est-européens très critiques envers Moscou. Le leader du Parti des régions Viktor Ianoukovitch a appelé à reconnaître l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Timochenko tente pour l’instant de conserver une certaine neutralité, en se rangeant derrière l’UE et en soulignant la nécessité d’empêcher tout nouveau conflit dans l’espace postsoviétique.

Mais le plus important dans cette affaire est certainement le caractère diamétralement opposé des positions occupées par Iouchtchenko et Ianoukovitch, excluant toute possibilité d’alliance entre le président et le Parti des régions, et poussant les régionaux et le BIT à une compréhension mutuelle. Le camp présidentiel, conscient de cet état de choses, s’est résolu à prendre des mesures extrêmes en accusant Timochenko de trahison envers la nation et en ordonnant au Service de sécurité ukrainien, qui se trouve sous le contrôle du chef de l’Etat, de faire toute la lumière sur les faits en question.

La suite est une affaire de logique. Timochenko et Ianoukovitch ont en commun de vouloir se débarrasser de Iouchtchenko. Ils risquent peu dans l’affaire. Même si la coalition est définitivement enterrée, l’impossibilité de former une nouvelle majorité et l’organisation d’élections législatives anticipées n’inspire à Ianoukovitch et Timochenko aucune crainte particulière.

De nouvelles élections ne feraient que renforcer les positions du BIT et du Parti des régions, grâce à l’éviction de Notre Ukraine du parlement. Elles lanceraient également la campagne pour la présidentielle de 2010, qui déterminera à qui sera confié le destin de l’Ukraine.

Par Vitali Portnikov, de Radio Free Europe, pour RIA Novosti

 

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l’auteur.

 

OCS : Sergueï Shoigu s’adresse aux Ministres de la Défense des États membres de l’OCS, le 24 août 2022

 

 

 

 

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