Un Radar US dans le Néguev qui inquiète des officiers de l’Armée israélienne, et menace la Russie
Alors que le radar US qui doit être installé en République Tchéque n’arrête pas de faire parler de lui, les USA installent le même dans le Néguev, ce qui inquiète certains officiers israéliens soucieux de préserver leurs secrets militaires, mais devrait également faire froncer les sourcils à Moscou.
Selon un article du Times Magazine du 2/10/09, certains officiers de l’armée israélienne voient d’un mauvais œil l’installation d’un radar américain dans le Néguev.
Quand le mois prochain un contingent de soldats US commencera à faire fonctionner un radar sur l’une des collines situées dans le désert du Néguev, ce sera la première fois dans l’histoire de l’état sioniste qu’une base militaire étrangère fonctionnera sur son territoire. Et malgré le fait que ce radar fournira à Israël une pré alerte en cas d’attaque de missiles iraniens, certains officiers supérieurs de l’armée israélienne s’inquiètent des répercussions de cette présence, même amie. L’un d’entre eux s’est plaint que c’était comme » une paire de menottes dorées pour Israël ».
Le radar US perché sur la colline de Keren pourra surveiller tout lancement de missiles détectables à une distance de plus de 2000Km, offrant à Israël 60 à 70 secondes supplémentaires pour réagir en cas d’attaque. Israël possède son propre système de radar dirigé vers l’Iran, mais sa portée est bien plus courte. Mais malgré cela, certains officiers supérieurs y voient des inconvénients et sont d’autant plus mécontents que c’est le ministre de la Défense israélienne, Ehud Barak, qui a seul pris la décision de demander le déploiement de ce système radar aux gouvernements américain, sans consulter aucun autre officier en dehors du chef d’état-major. Ils craignent que ce radar ne dévoile également certains secrets militaires israéliens bien gardés aux américains.
Le radar va permettre aux américains de détecter tout mouvement dans l’espace aérien israélien, « même une abeille » selon les dires d’un officier supérieur israélien. « Nous serons tout nus devant l’Amérique » a -t-il ajouté.
Israël n’aura pas d’accès direct aux données collectées par ce radar, ne bénéficiera que de renseignements sur la base de besoins précis, sauf dans le cas d’une attaque directe immédiate contre le pays. De plus, certains officiers craignent que l’installation de ce radar ne déplaise à Moscou car il permettra de surveiller ce qui se passe dans l’espace aérien au sud de la Russie. La Russie a déjà prévenu la République Tchèque sur le territoire de laquelle doit être installé le même type de radar, et la Pologne, où sera installé un système d’interception de missiles, que ces deux pays seront ajoutés à la liste des cibles des missiles russes, y compris à têtes nucléaires.
Apparemment, les US avaient fait la proposition d’installation de ce radar à la Turquie et à la Jordanie, mais ces deux pays ont décliné la proposition. Ehud Barak a sauté sur l’occasion en juillet sans toutefois peser, semble-t-il, toutes les conséquences de cette installation. La Russie n’a pas apprécié l’aide fournie à la Géorgie par les conseillers militaires israéliens avant que la Géorgie n’attaque l’Ossétie du Sud. L’installation de ce radar pourrait fournir une justification aux Russes pour vendre à la Syrie et à l’Iran ses batteries antimissiles SA 300 réputées très efficaces, ce qui rendrait pratiquement impossible pour l’armée de l’air israélienne de lancer une attaque aérienne contre l’Iran, et où la Syrie. Jusqu’à présent, l’armée de l’air israélienne a toujours considéré l’espace aérien syrien (de même que celui du Liban) comme un prolongement du sien propre.
Le radar X-band, un système ultrasecret, sera actionné par environ 120 techniciens de l’armée américaine et protégée par des gardes US, le gouvernement US ayant rejeté la demande d’intervention d’officiers israéliens. Les officiers supérieurs israéliens craignent aussi que le radar X-band perturbe les tests d’un nouveau missile israélien antitank Gil à l’essai actuellement dans le Negev.
Un radar X – band en Israël pour quoi faire ?
Outre le fait de protéger Israël d’une éventuelle attaque en représailles de missiles iraniens si Israël décidait d’attaquer les installations nucléaires de l’Iran ou si les USA acculés à la faillite financière le faisait eux-mêmes, ce radar fait également partie au même titre que celui installé au Japon et en Grande-Bretagne, et celui en passe d’être installé en République Tchèque, du système global de défense US. Il permet un large rayon de surveillance couvrant le Moyen-Orient mais aussi le Caucase (dont la Mer Noire) et le Sud de la Russie. Car si, comme l’affirment les Américains, ce radar vise exclusivement la surveillance de l’Iran, alors pourquoi ne pas l’installer en Irak ou en Afghanistan, deux pays occupés par les US. Placé en Afghanistan, il permettrait en plus de surveiller le Pakistan.
Le système mondial antimissile balistique US dont font partie tous ces radars X-band intégrera les systèmes alliés tels que celui de l’OTAN, l’ALTEMD, et celui d’Israël, le Arrow 3. Mais l’installation dans le Negev, en grande pompe, avec large couverture médiatique, semble plutôt destiné à servir de mise en garde à l’égard de Téhéran, et du Hezbollah au Liban, qui ont déjà annoncé que s’ils étaient attaqués par Israël, ils répliqueraient en visant Dimona.
Israel a effectivement commencé à renforcer la protection de son site de fabrication d’armes nucléaires à Dimona. Deux antennes de 400 mètres de haut vont être installées à proximité d’un site militaire top secret dans le Néguev, non loin des installations nucléaires militaires souterraines de Dimona. Ces deux antennes font partie du système radar X-band qui fournira les données nécessaires au système israélien d’interception de missiles, le Arrow 3, développé en coopération avec le Pentagone qui l’a presque totalement financé.
Le Arrow 3 réputé être, d’après les Israéliens, l’un des systèmes antimissiles les plus performants au monde, n’avait cependant pas réussi à détruire les missiles tirés par le Hezbollah pendant la deuxième guerre du Liban de l’été 2006, et est vulnérable à des systèmes de leurre. La raison de l’inquiétude de ces officiers supérieurs israéliens, jaloux de préserver leurs secrets militaires, même au regard de leurs alliés, pourrait plutôt être liée au fait de voir 120 techniciens de l’armée américaine le nez sur les installations nucléaires militaires top secrètes israéliennes dans le Néguev.
Autres sources d’informaton : http://blog.wired.com et AFP