Au moins 300 morts dans des raids aériens à Ghaza: Israël a entamé la «solution finale»
Avant de s’écoeurer devant l’attitude des Occidentaux qui discourent à n’en plus finir sur les phénoménales «roquettes» du Hamas et sur les Palestiniens qui auraient «commencé les premiers», il faut établir le constat froid d’une innommable complicité, passive pour ne pas dire plus, des dirigeants arabes. Mahmoud Abbas et sa cour ont depuis des mois considéré le Hamas comme l’ennemi et l’organisation terroriste de Tel-Aviv comme un allié. Les régimes arabes ont plus ou moins suivi cette spécieuse approche. Il ne faut pas être un grand stratège pour le comprendre. Ce sont les Palestiniens libres, ceux qui se refusent à l’indignité de devenir des supplétifs, qui sont les ennemis. C’était le cas du Fatah hier, c’est le cas du Hamas d’aujourd’hui. Par une terrible perversion, la caste corrompue du Fatah qui entoure Mahmoud Abbas a abandonné la ligne nationale et elle est, au moins moralement, responsable du carnage d’hier. Nabil Abou Roudeina, porte-parole de l’Autorité palestinienne, a indiqué que Mahmoud Abbas condamnait les attaques et qu’il a pris des « contacts urgents avec plusieurs pays arabes et autres pour faire cesser l’agression lâche et les massacres dans la bande de Ghaza ».
Les Occidentaux ont multiplié les déclarations cyniques en insistant gravement sur les pauvres «roquettes» du Hamas. Bush a fait mine de prier Israël d’éviter de faire des victimes civiles en prenant Hamas pour cible. Comme l’administration américaine connaît parfaitement la configuration de Ghaza, cela correspond à donner carte blanche aux dommages collatéraux. Ce ne sont là que de regrettables péripéties, la vie d’un pauvre arabe n’ayant aux yeux de ce monde strictement aucune valeur. Les déclarations européennes sont du même tonneau. Un discours très « civilisé » qui sert de justification à la barbarie.
La région de Ghaza est le territoire le plus densément peuplé de la planète. Ce territoire est sous embargo depuis plus de dix-huit mois. Il ne reçoit pas le minimum vital nécessaire pour assurer le fonctionnement de base des services de santé.
Le siège de Ghaza n’est qu’un développement dans ce qu’endurent les Palestiniens depuis soixante ans. Ce peuple arabe, victime d’un vol en bonne et due et forme, est nié dans son existence au nom d’une idéologie aussi mensongère – un mythique Etat biblique – que purement raciste, fondée sur la suprématie d’une population allogène au nom d’une appartenance religieuse. En toile de fond omniprésente, l’extermination des juifs d’Europe par des Occidentaux justifiant l’éviction et la dépossession des Palestiniens. De fait, les sionistes ont été à la meilleure école : le bantoustan de Ghaza est clairement une stratégie des ghettos revisitée. A la différence de leurs maîtres nazis, les sionistes volent et tuent avec la bénédiction des puissances dominantes, dans l’indifférence glacée de leur Civilisation et l’indignation de pure forme de la plupart des régimes arabes.
Hier dans les médias occidentaux, les bombardements aériens sont présentés comme la réplique logique aux fameux missiles palestiniens. Encore une fois, le bourreau et la victime sont logés à la même enseigne. Que Ghaza, et son million et demi d’habitants, soit étranglée par un siège inhumain paraît aller de soi, les donneurs de leçons l’évoquent du bout des lèvres. Que les pseudo-négociations de paix ne couvrent que la prolifération des colonies est rapidement mentionné au détour d’une chronique. Il s’agit pourtant d’une violence insupportable. Mais, à l’évidence, pour les porte-parole de la désinformation civilisée, le carnage n’est qu’une opération de maintien de l’ordre et de démantèlement d’une organisation « terroriste ».
On croirait entendre la « Voix du Bled » avec cinquante ans de retard, le discours est identique et les justifications pro-sionistes procèdent directement du registre de l’argumentaire colonial. Qui parmi les anciens ne se souvient des slogans coloniaux entre « paix des braves » et « la seule négociation c’est la guerre », le tout dans une logique de fuite en avant et de négation du fait national. Et ce qui reste sous-jacent est toujours la volonté obsessionnelle des colonies de peuplement qui consiste à nier purement et simplement l’histoire de la terre volée. La force des armes étant l’argument unique pour justifier la domination.
Mais en dépit de l’asymétrie des forces militaires en présence (« Donnez-nous vos avions, nous vous donnerons nos couffins», disait Ben M’hidi), on sait aussi comment cela finit. La domination sioniste connaîtra le même sort. Rien ne peut être construit sur l’injustice car la résistance des peuples est une force infiniment supérieure.
Le prix est certes élevé, la supériorité matérielle de la «Civilisation» est telle que le coût humain de la libération est exorbitant. Les parallèles avec l’histoire des luttes anticoloniales avec ses avancées et ses reculs – et parfois ses trahisons – sont lisibles. Il reste que le Fatah de Yasser Arafat n’est pas condamné à errer, pour complaire à Bush ou pour la fausse respectabilité conférée par les gouvernements occidentaux, sur la voie sans issue du MNA algérien ou de l’Inkatha d’Afrique du Sud.
Sur Al-Jazira, Mustapha Barghouti a appelé Mahmoud Abbas à cesser de participer à la farce des négociations. Face à ce qui apparaît comme l’alibi des Israéliens, ce serait l’option la plus flagrante. Comment discuter avec ceux qui massacrent vos populations ?
Les colonialistes israéliens ont raison de dire qu’il ne s’agit que du début. Leur déclaration qui se veut menaçante est l’expression d’une vérité que les voleurs et assassins sionistes reconnaissent en leur for intérieur. L’apartheid religieux et le vol des terres ne peuvent constituer une base viable pour la pérennité d’un Etat de fait fondé sur la force. Ce n’est effectivement qu’un début, le combat pour la justice, le droit et la liberté du peuple palestinien ne sera achevé que lorsqu’une paix juste sera enfin atteinte. Les martyrs du 27 décembre font partie de la liste interminable de ceux qui par leur sacrifice pavent le chemin de la Libération.