Alors qu’il est demandé à la Couronne Britannique de rendre les fragments volés de la Pierre Noire, Abu Dhabi, s’en prend à l’illustre ancêtre Ottoman qui a défendu héroïquement la Ville du Saint Prophète Mouhammad sawa, Médine, contre l’agression anglaise.
Abdullah ben Zayed Al-Nahyan, Ministre des Affaires étrangères des EAU a écrit un tweet anti-ottoman dans lequel il accuse Fakhreddine Pacha de pillage de la ville de Médine. Ce à quoi le Président turc a répondu lors d’un discours fait en partie à l’adresse d’Al-Nahyane :
« Connais tes limites ! Quand Fakhreddine Pacha était envoyé en mission pour assurer la défense de Médine, où étaient-ils tes ancêtres à toi ? »
avant d’ajouter :
« Malheureusement, certaines personnes proches de vous ont des prétentions inadmissibles. Connaissez vos limites ! Cela signifie que vous ne connaissez pas ce pays [la Turquie], que vous ne connaissez pas Erdogan, et que vous ne savez rien de nos ancêtres. »
Qui est l’honorable ancêtre [putatif] héroïque de Monsieur Erdogan :
Fakhri Pacha ou Fakhreddine Pacha (1868 – 22 novembre 1948), connu sous le nom d’Ömer Fakhrettin Türkkan après « la loi sur le nom » de 1934, était le commandant de l’Armée ottomane et gouverneur de Médine de 1916 à 1919. Il était surnommé « Le lion du désert » ou « Le Tigre du Désert » par les Britanniques et les Arabes pour son patriotisme envers Médine, et il est connu pour avoir défendu Médine lors du Siège de Médine pendant la Première Guerre Mondiale.
Il est né à Rusçuk de mère Fatma Adile Hanım et de père Mehmed Nahid Bey. Il avait une sœur plus jeune Sabiha Hanım, qui était mariée avec ‘Alī Ḥaydar Pāshā. En raison de la guerre russo-turque, sa famille déménagea à Constantinople en 1878. Il a rejoint l’Académie de guerre dont il sortit diplômé en 1888. Son premier poste fut sur la frontière orientale avec l’Arménie dans la IVe Armée. En 1908, il est venu à Constantinople et a rejoint I’Armée régulière. En 1911-12, il a été envoyé en Libye et lorsque la guerre des Balkans a éclaté, il était le commandant de la 31e Division stationnée à Gallipoli. Son unité a arraché Andrinople (aujourd’hui : Edirne) à la Bulgarie et il est entré dans la ville avec Enver Pacha.
Il s’est marié en 1900 avec Ayşe Sıdıka Hanımefendi (1884-1959), fille de Ferik Ahmet Paşa avec qui il a eu cinq enfants : Suphiye Türkkan 1904-1978 (fille), Mehmed Selim Türkkan 1908-1991 (fils), Mehmed Orhan Türkkan 1910-1994 (fils), Ayşe Nermin Türkkan 1919-1997 (fille), Ayhan Türkkan 1928-4.2.1959 (fils).
Première Guerre mondiale :
En 1914, avant la mobilisation de l’Armée ottomane, le colonel d’état-major Fakhreddine Bey fut nommé commandant du XIIe Corps stationné à Mossoul. Il a été promu au grade de Mirliva (équivalent de général de brigale, 2 étoiles) le 12 novembre 1914, et nommé commandant adjoint de la IVe armée stationnée à Alep.
Défenseur de Médine :
Pendant la Première Guerre mondiale, après Hussein bin Ali, Sharif de la Mecque, il a commencé à se préparer à une révolte contre l’Empire ottoman. Il a ensuite fait mouvement sous les ordres de Djemal Pacha le 23 mai 1916 vers Médine dans le Hedjaz pour la défendre et il a été nommé Commandant de la Force expéditionnaire du Hedjaz le 17 juillet 1916.
Fakhreddine Pacha fut assiégé par les forces arabes qui se révoltèrent contre le Sultan ottoman et se rangèrent du côté des Britanniques contre lui, mais il resta debout et défendit avec ténacité la Ville Sainte. Fakhreddine Pacha devait non seulement défendre Medine, mais aussi protéger le chemin de fer à voie étroite du Hejaz contre les attaques de sabotage de l’armée hébraïque [les initiés comprendront…]. Les garnisons turques des petites gares isolées résistent aux attaques de nuit continues et sécurisent les voies contre un nombre croissant de sabotages (environ 130 attentats majeurs en 1917 et des centaines en 1918 incluant l’explosion de plus de 300 bombes le 30 avril 1918).
Avec l’Armistice de Mudros du 30 octobre 1918, entérinant la cessation des hostilités pour l’Empire ottoman, on s’attendait à ce que Fakhreddine se rende aussi. Mais il a refusé de le faire et a simplement refusé d’accepter l’armistice.
Pendant le siège de Médine, Pacha a envoyé les objets sacrés et les manuscrits de Médine à Istanbul afin de les protéger contre la saisie, dont la plupart ont été rendus à Médine par l’Empire ottoman et sont maintenant conservés dans les bibliothèques de la ville. Tandis que le reste, est gardé dans le palais de Topkapi à Istanbul.
Selon les mémoires des témoins oculaires de l’écrivain turc Feridun Kandemir, qui était un volontaire du Croissant-Rouge de l’époque à Médine, un vendredi au printemps 1918, après des prières à Masjid al-Nabawi (mosquée du prophète) il s’adresse aux troupes en disant :
« Soldats, je vous appelle au nom du Prophète, mon témoin, je vous ordonne de le défendre, Lui et sa ville, jusqu’à la dernière cartouche et votre dernier souffle, quelle que soit la force de l’ennemi ! Qu’Allah nous aide, et que les prières de Mouhammad soient avec nous. Officiers de l’armée héroïque turque, Ô petits Mohammed, avancez-vous et promettez-moi, devant Notre Seigneur et le Prophète, d’honorer votre foi par le sacrifice suprême de vos vies. »
Fahreddine Pacha avait dit qu’il avait reçu un songe dans lequel le Saint Prophète Mouhammad lui avait ordonné de ne pas se soumettre. En août 1918, il a reçu un appel à la reddition de la part du Shérif Hussein de La Mecque. Fakhreddine Pacha lui a répondu en ces termes :
« Fakhr-ud-Din, général, défenseur de la ville la plus sacrée de Médine, serviteur du prophète.
Au nom d’Allah, l’Omnipotent, à celui qui a brisé le pouvoir de l’Islam, a fait couler le sang parmi les musulmans, a mis en péril le Califat du Commandeur des Croyants et l’a exposé à la domination des Britanniques.
Le jeudi soir, le quatorzième jour de Dhu’l-Hijja, je marchais fatigué et épuisé, pensant à la protection et à la défense de Médine, lorsque je me suis retrouvé parmi des hommes inconnus travaillant sur une petite place. Il y avait le Prophète, que la bénédiction d’Allah soit sur lui, son bras gauche reposait sur sa hanche sous sa robe, et il me dit d’une manière protectrice : « Suis-moi ». Je l’ai suivi à deux ou trois pas et je me suis réveillé, je me suis immédiatement dirigé vers sa mosquée sacrée et je me suis prosterné en prière et soumission à Allah swt [près de sa tombe].
Je suis maintenant sous la protection du Prophète, mon Commandant suprême, je m’occupe de renforcer les défenses, de construire des routes et des places à Médine, ne me tourmentez pas avec des offres inutiles. »
Il a refusé de remettre son épée même après avoir reçu un ordre direct du Ministre ottoman de la Guerre. Le Gouvernement ottoman a été contrarié par son comportement et le Sultan Mehmed VI l’a démis de son poste. Il a pourtant refusé d’abandonner son poste et a maintenu le drapeau du Sultan ottoman à Médine jusqu’à 72 jours après la fin de la guerre. Après l’armistice de Moudros, l’unité ottomane la plus proche se trouvait à 1300 km de Medine.
Fakhreddine a été arrêté par ses propres hommes et amené à Abdullah le 9 janvier 1919 à Bir Darwish. Abdullah est entré dans Médine peu après la capitulation, suivi par Ali qui est entré dans la ville le 2 février 1919.
Suites diplomatiques 2017 :
En décembre 2017, Abdullah bin Zayed Al Nahyan, Ministre des Affaires étrangères des EAU a déclenché un incident diplomatique entre la Turquie et les Emirats Arabes Unis, après avoir partagé un article sur les médias sociaux via son compte personnel qui visait à présenter Fakhreddine Pacha et ses forces comme des voleurs des manuscrits pendant le siège de Médine.
En réponse, le Président turc Recep Tayyip Erdoğan a qualifié ce Ministre des Affaires étrangères des EAU d’ignorant et a déclaré : « Un homme impertinent et ignorant qui va jusqu’à accuser nos ancêtres de vol… Quand Fakhreddine Pacha était envoyé en mission pour assurer la défense de Médine, où étaient-ils, tes ancêtres à toi ? », avant d’ajouter : « Malheureusement, certaines personnes proches de vous ont des prétentions inadmissibles. Connaissez vos limites ! Cela démontre que vous ne connaissez pas ce pays [la Turquie], que vous ne connaissez pas Erdogan, et que vous ne savez rien de nos ancêtres. […] D’abord, vous devez en rendre compte. »
Quelques jours plus tard, la Turquie en représailles symbolique a rebaptisé la rue, où se trouve l’ambassade des Émirats Arabes Unis en Turquie, du nom de Fakhreddine Pacha.
Sa vie après la guerre :
Après son arrestation, il a été amené à la caserne militaire du Caire, en Egypte. Plus tard, il a été transféré à Malte. Fakhreddine Pacha a vécu comme prisonnier de guerre pendant plus de deux ans à Malte jusqu’en 1921. Après sa libération en 1921, il a rejoint les forces turques sous le commandement de Mustafa Kemal Atatürk et s’est battu contre les armées grecque et française occupant l’Anatolie.
Après la guerre d’Indépendance turque, il devint ambassadeur de Turquie à Kaboul, en Afghanistan, entre 1922 et 1926. En 1936, il fut promu au grade de Ferik (équivalent de général de division, 3 étoiles) et se retira de l’Armée. Il est décédé le 22 novembre 1948, d’un arrêt cardiaque lors d’un voyage en train dans les environs d’Eskişehir. Selon ses souhaits, il a été enterré dans le cimetière d’Aşiyan à Istanbul.
Ô croyants, Ô musulmans, qui aujourd’hui défend l’honneur du Commandant qui a dit à ses hommes :
« Soldats, je vous appelle au nom du Prophète, mon témoin, je vous ordonne de le défendre, lui et sa ville, jusqu’à la dernière cartouche et votre dernier souffle, quelle que soit la force de l’ennemi ! Qu’Allah nous aide, et que les prières de Mouhammad soient avec nous. »
« Officiers de l’Armée héroïque turque, O petits Mouhammad, avancez-vous et promettez-moi, devant notre Seigneur et le Prophète (sawa), d’honorer votre foi par le sacrifice suprême de vos vies. »
Smaïn Bédrouni
25 décembre 2017, Paris, France.