Des sociétés de journalistes dénoncent une atteinte à la liberté d’informer
Une quarantaine
Pas moins d’une quarantaine de sociétés de journalistes se sont insurgées, dans une lettre publiée hier sur le site du journal le Monde, contre de nouvelles mesures adoptées par le ministère de l’Intérieur, limitant le travail des journalistes lors des couvertures des rassemblements et marches populaires dans l’Hexagone. Les autorités françaises ont proposé un nouveau schéma national prévoyant la “création d’un canal d’échange entre les forces de l’ordre et les journalistes « titulaires d’une carte de presse et accrédités auprès des autorités »”.
Merci de corriger
Pour les journalistes français, ce schéma national du maintien de l’ordre est tout bonnement une atteinte qui ne dit pas son nom à l’exercice libre du métier de journalisme. De nombreux médias comme l’AFP, les chaînes BFMTV et France 2, la radio Europe 1, Arrêt sur images, Challenges, Courrier international, les Echos, l’Express, le Figaro ou encore Franceinfo ont appelé le ministère de l’Intérieur à “corriger” cette nouvelle doctrine qui porte atteinte à la liberté des journalistes dans l’exercice de leur métier. Le texte du ministère français conditionne par exemple le port d’équipement de protection par les journalistes par “une identification préalable et confirmée”.
« On respecte les règles, faites de même »
Pourtant, rappellent les Sociétés de journalistes (SDJ), en réaction à cette autre mesure, “l’exercice de la profession de journaliste, définie dans le code du travail, ne nécessite pas la possession d’une carte de presse tant pour la couverture des manifestations dans l’espace public que pour « l’identification » requise pour les équipements de protection”. En outre, le document “rappelle” que “le délit constitué par le fait de se maintenir dans un attroupement après sommation ne comporte aucune exception, y compris au profit des journalistes ou de membres d’associations”.
Pour ces rédactions en France, il s’agit “en réalité” d’un “feu vert accordé par le ministre de l’Intérieur aux forces de l’ordre pour empêcher les journalistes de rendre compte pleinement des manifestations, y compris de leur dispersion ou de leurs dérapages”. C’est “d’autant plus inacceptable” que cela “fait suite à de nombreux abus policiers constatés envers les journalistes lors des récents mouvements sociaux et dénoncés, entre autres, par le Conseil de l’Europe”, estiment les SDJ, appelant le “ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à corriger” sa copie.
Le journaliste doit être objectif et n’a pas le droit de marcher au pas
Dans un communiqué publié vendredi, le SNJ (Syndicat national des journalistes) avait également dénoncé ce texte, qui, sous le couvert d’“assurer une prise en compte optimale des journalistes” pendant les manifestations, entend selon lui les “mettre au pas”. “Sous Christophe Castaner”, le prédécesseur de M. Darmanin, “plus de 200 journalistes” ont été “empêchés de travailler par les forces de police et de gendarmerie” en France, rappelle le SNJ.
S. B./Agences