Excepté aux extrêmes, la politique est en train de s’unir autour d’un seul objectif et d’un seul levier qui consiste à fournir aux populations ce dont elles ont besoin et ce qu’elles demandent.
L’histoire du pouvoir politique a pris un chemin sinueux pour arriver au consensus émergent qui, je crois, se terminera par une plus grande tolérance des diverses formes de gouvernance.
Au tout début des communautés sédentaires, le consensus était la seule façon de procéder, soit de façon semi-libre par consentement général, soit par un consensus prédéterminé des élites imposé à la population.
Les communautés dites primitives étaient dirigées par des chefs généralement reconnus par les populations comme étant les plus forts et les plus sages. Pourquoi ? Parce que l’on pensait qu’ils offraient les meilleures chances au peuple d’obtenir ce dont il avait besoin et ce qu’il voulait : une protection contre les agressions et suffisamment de stabilité et de savoir pour obtenir la subsistance nécessaire à sa survie. Au fil du temps, les chefs tribaux ont évolué pour diriger de plus en plus de groupes de personnes, jusqu’à ce que nous arrivions à des monarchies formelles. Celles-ci partageaient un pouvoir quasi universel avec leurs homologues religieux. Pendant un millier d’années et plus, ces élites à tous les niveaux se sont disputées le pouvoir de décider et de faire appliquer les règles et les lois auxquelles leurs sujets et leurs fidèles étaient soumis.
Tout au long de cette période, des guerres de conquête ont été menées lorsque les différences entre les peuples, leurs croyances, leurs cultures et leurs niveaux de vie constituaient des motivations suffisantes pour déclencher un conflit. Jusqu’à l’époque actuelle, du moins en Europe, où la guerre semble pratiquement impossible, quelles que soient les différences qui divisent les nations. Jusqu’à ce que nous en arrivions à l’époque actuelle, du moins en Europe, où la guerre semble pratiquement impossible, quelles que soient les différences qui divisent les nations. Un consensus pacifique a été atteint à travers toute l’Europe, qui ne suggère aucun signe d’une conflagration militaire.
Dans des pays comme la Grande-Bretagne, nous constatons que les deux principaux partis abandonnent leurs positions extrêmes au profit d’un juste milieu où il s’agit de fournir de réels avantages à la population, de préserver les composantes populaires et de mettre en œuvre les politiques attendues. La droite et la gauche, qui désignent deux options politiques très éloignées l’une de l’autre, ont été largement abandonnées au Royaume-Uni comme aux États-Unis. Naturellement, ceux qui crient le plus fort aiment donner l’impression qu’il est nécessaire de prendre des mesures extrêmes de droite ou de gauche pour résoudre les griefs en suspens, mais généralement, les politiques du centre de la politique qui tentent simplement de fournir ce que l’on veut sont mieux acceptées.
La guerre pure et simple, qu’il s’agisse d’une guerre de classe ou d’une guerre ouverte, a été en grande partie abandonnée comme solution à mesure que la richesse générale augmentait. Cela ne veut pas dire que de graves inégalités et injustices n’existent pas. Elles existent. Mais rien n’indique que l’on choisira la solution radicale plutôt que la solution prévisible pour les résoudre, et les personnes à l’état d’esprit plus radical peuvent travailler pour y parvenir.
Les guerres ouvertes au sein des nations et entre elles diminuent dans notre monde, malgré les nombreux problèmes auxquels sont confrontées les économies modernes et celles en développement. Un consensus se dégage sur le fait que la guerre n’est plus une option attrayante pour provoquer le changement. Elle n’est pas non plus une option viable si l’on considère les conséquences visibles des guerres et des révolutions violentes du passé.
Cependant, en dehors des points de conflit dans diverses régions du Moyen-Orient et d’un certain degré de tension en Asie, il existe une source principale de conflit potentiel qui pourrait provoquer la conflagration militaire la plus dévastatrice de toutes. Toutefois, même dans ce cas, une guerre ouverte est peu probable. Il s’agit toutefois du plus grand affrontement de systèmes jamais vu depuis que toutes les nations occidentales ont affronté l’Union soviétique, jusqu’à son effondrement à la fin des années 80.
Il s’agit d’une confrontation entre les États-Unis et leurs alliés, en premier lieu le Royaume-Uni, et une combinaison de nations comprenant la Fédération de Russie, la Chine, l’Iran, la Syrie, le Venezuela, Cuba, le Nicaragua et un groupe d’autres pays au statut indéterminé.
Les États-Unis sont traditionnellement loin d’avoir une aversion pour la guerre. On a dit qu’ils étaient en guerre avec une nation ou une autre depuis leur fondation. Mais les guerres récentes qu’ils ont déclenchées ont eu tendance à leur montrer de manière très claire que cette méthode pour atteindre leurs objectifs était tout simplement inefficace et, dans la plupart des cas, presque totalement contre-productive. Ses élites doivent certainement avoir compris, après leurs expériences au Vietnam, en Afghanistan, en Irak, en Syrie et au Yémen, que ce n’est certainement pas la direction qu’elle souhaite prendre à l’avenir.
Le nouveau type de guerre qu’ils mènent actuellement comprend une guerre de mots dans le domaine des relations publiques ainsi que divers outils utilisés pour renforcer leur position, des taxes douanières, des sanctions, des boycotts et la pression exercée sur des dirigeants choisis par leurs soins et sur des institutions généralement contraires à leurs objectifs, ainsi que sur tous les homologues des nations alliées.
Pendant que les États-Unis mènent cette guerre, ceux contre qui ils se battent ne restent pas inactifs. La Chine en est le chef. Elle devance la Russie et les autres pays en termes de croissance économique. Bien que la Russie et les autres aient un potentiel de croissance en cas de levée de l’impasse causée par les blocus américains (et ceux des alliés) sous une forme ou une autre. Ce bras de fer mondial atteint son niveau le plus critique et durera un an et demi.
Quelqu’un croit-il sérieusement que les Etats-Unis et leurs alliés peuvent mener une guerre ouverte contre la Chine, la Russie et leurs alliés ? Il est certain que les Etats-Unis et leurs affiliés peuvent s’en prendre aux petites nations du groupe susmentionné. Le Venezuela, Cuba et le Nicaragua, voire l’Iran et la Syrie. Mais la Chine et la Russie ? Inconcevable. La Chine et la Russie sont clairement capables, à elles seules, de se dresser contre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Europe.
Alors si ce n’est pas une guerre directe, de quoi s’agit-il ? Une impasse. Dans quel but ? Si les États-Unis et leurs alliés ne peuvent pas vaincre la Chine et la Russie par le biais d’une guerre violente ou d’une force douce (sanctions, boycotts, taxes douanières, etc.), que va-t-il se passer ? Pas de guerre. Pas d’effet de levier. Que peuvent-ils faire en se contentant de déclarations fortes et de menaces vides ? Quasiment rien. Rien qui ne puisse réellement changer quelque chose, du moins. Rien alors que votre objectif était de les vaincre et de les remodeler à votre propre image.
Il reste donc une option qui émerge progressivement de cette impasse. Le compromis. Un plus grand degré de tolérance pour ce que vous vouliez autrefois effacer de la surface de la Terre. Et à quels résultats mèneront tous ces efforts pour se mettre à genoux et se retrouver à la mi-temps ?
Un consensus qui se dessine. Un accord pour vivre et laisser vivre. Une reconnaissance du fait que le point le plus important de tout agenda futur sera de savoir si un système génère ce dont le peuple d’une nation a besoin et ce qu’il veut, et non de savoir quel système idéologique une puissance mondiale pense devoir imposer.
Si ce consensus extrêmement important peut être atteint, et si ces nations aux systèmes de gouvernement hétérogènes peuvent se mettre d’accord sur un haut degré de tolérance, obtenu en cherchant des objectifs communs plutôt qu’en s’appuyant dogmatiquement sur le fait de souligner les différences, ce qui crée de l’inimitié, alors l’attention pourra se porter sur d’autres problèmes mondiaux, similaires mais moins graves.
En solutionnant le problème le plus important, les nations les plus puissantes du monde se rassemblent autour d’un nouvel objectif et d’un nouvel agenda… pour appliquer les mêmes solutions à leurs problèmes afin de résoudre les différends moins complexes des autres nations.
À ce stade, une possibilité vraiment exceptionnelle se présente.
Aller vers un monde où un consensus global de tolérance et un désir de travailler ensemble de la part des principales puissances mondiales sur la base du respect mutuel et ainsi mettre en avant l’objectif d’une planète unie dans une volonté de trouver des ententes et des solutions.
À partir de là, il n’est peut-être pas illusoire d’espérer un ultime consensus de la part de toutes les parties.
Une race humaine en paix dans une planète qui atteint tout le potentiel de son espèce dans l’harmonie et le caractère durable d’une véritable civilisation planétaire.
Source : https://russianplatform.blogspot.com/2021/03/toward-possible-geopolitical-consensus.html