Reconnaissance quasi immédiate d’Ansarallah twittée dans la nuit de lundi à mardi 22 février par Mohammad Ali al-Houthi, président du Comité révolutionnaire suprême yéménite, de l’indépendance de Donetsk et Lougansk décrétée quelques heures plus tôt par le Préident Russe Vladimir Poutine, quitte à mettre une fin radicale à des semaines d’aventurisme US/OTAN à la porte occidentale de la Russie.
Al Houthi: « Nous reconnaissons Donetsk et Louhansk comme deux républiques indépendantes et appelons à la retenue et au non-engagement dans une guerre visant à saper le pouvoir de la Russie ».
Plus d’un observateur devra se demander pour quelle raison la Résistance yéménite a tenu à apporter, avant tous les autres membres de l’axe de la Résistance, un appui si ferme, si catégorique à la Russie dont la démarche plus ou moins attendues vient d’être à un intervalle de quelques heures saluées par la Syrie.
Tout à l’heure, le président Assad a fait part en effet de la disponibilité de la Syrie à établir des relations avec deux » États indépendants que sont Lougansk et Donestk » allant jusqu’à affirmer que l’idée en était venu il y a quinze jours quand les représentants de deux » Républiques « , accompagnant une délégation de parlementaires russes, l’avaient rencontré. la Syrie est bien consciente du fait que la crise en Ukraine a été planifiée de longue date dans le strict objectif de diviser les nations de la région et de nuire à la sécurité nationale de la Russie et puisque ce coup américain est anti-Paix et Sécurité, il est normal de s’y opposer. »
Venue de la Syrie engagée depuis des années dans une lutte acharnée contre l’impérialisme US, cette position n’étonne guère et on s’attend même que l’Iran, bien qu’en bons termes avec Kiev adopte d’ici aux heures à venir une position similaire. Mais Ansrallah est-il ici en train de jouer une carte majeur vu qu’aucune de ses démarches en sept ans de guerre contre US/GB/Monarchies golfiennes n’a été dénué de profondeur géostratégique ? À vrai dire la région de la mer Rouge où la Russie a été isolée par un coup d’État pro-Occident au Soudan où elle a perdu son droit à avoir une base navale a été pendant trop longtemps empreinte de l’influence russe pour que la Résistance yéménite ne s’en souvienne pas et ne soit tenté de le rappeler à la Russie.
En janvier Ansarallah a lancé trois attaques majeures contre les Émirats, et ce, pour la première fois depuis 2015 et à l’issue de deux ans de spectaculaires attaques asymétriques, lesquelles attaques on réduit le secteur pétrolier saoudien avec ses 10 millions de barils de production mensuel à l’état de syncope. Des attaques aux missiles contre Raas Tanoura à l’est de l’Arabie saoudite, aux missiles, aux attaques aux drones contre la côte ouest, ses ports et ses raffineries, la période 2019-2021 a du bien prouver au monde y compris aux Russes, de quel bois est fait Ansarallah et de quelle marge de manœuvre il dispose pour peser de tout son poids sur le marché de l’énergie. En 2019 où les drones yéménites ont bousillés le principal pipeline Est-Ouest saoudien, l’Arabie a même perdu pendant 15 jours l’usage de ses vannes de production et d’exportation pétrolières vers l’Europe.
Disons que ce tweet du super Ansarallah fait implicitement allusion à cette réalité en ces temps où les Etats Unis d’Amérique, partie qui a été forcée de s’engager perso à Maarib à l’aide de mille et un stratagèmes pour empêcher sa libération par Ansarallah et partant le fait que ses inépuisables réserves en pétrole et en gaz ne tombent pas entre les mains d’Ansarallah et ne soient pas exportés vers Hudaydah et de là vers l’Europe. Ansarallah a reconnu Dontesk et Lougansk en espérant sans doute que les séparatistes sudistes, mercenaire des Émirats, eux-mêmes mercenaires des États-Unis, cessent d’intéresser la Russie qui, en mer Rouge tout comme en Méditerranée ou dans le golfe Persique, a tout intérêt à éviter les perdants.
À peine quelques heures avant que le président Poutine n’annonce l’annexe de deux Républiques autoproclamées et partant l’arrivée de l’armée russe à Donetsk et à Lougansk, le Sioniste Lapid avait tenu à rappeler à Moscou qu’Israël ne prendrait jamais faits et causes du Kremlin dans le dossier ukrainien et ne larguerait jamais l’Amérique pour les beaux yeux de Poutine. Pareilles trahisons sont parfaitement attendues de la part des Émirats et des Saoudiens sur qui la grande Russie ne devrait pas trop compter, si elle veut faire un retour en force en mer Rouge. Surtout que la situation s’oriente droit vers un clivage total sur les fronts de combats : de nouvelles tribus de Maarib viennent de prêter allégeance à Ansarallah qui contrôle le ciel de cette région pétrolifère et qu’à Chabwa où les Emirats ont singé une victoire à la Pyrrhus dépendants des millions de dollars en pot-de-vin connait un retournement de tendance.
A Maarib, les tribus de Murad, Bani Dhabian et Qifa de la région de Rahba, ont organisé un rassemblement pour soutenir l’opération « Hurricane yéménite» menée par les forces yéménites contre les Émirats arabes unis et le rassemblement s’est déroulé sous le slogan « Affronter la tension par la tension ». Les participants ont vivement critiqué le silence de la communauté internationale face aux crimes commis par la coalition américano-saoudienne, affirmant que ces crimes violent les chartes internationales et les droits de l’homme. Le gouverneur de Maarib, le gouverneur de la ville de Rahba et des cheikhs des tribus mentionnées faisaient partie du cortège. Ils ont appelé l’armée de l’air yéménite à intensifier ses attaques contre les ennemis du pays.
Ailleurs, les forces armées yéménites ont lancé une offensive militaire de grande envergure contre les positions de la coalition saoudienne autour de Wadi Ubaydah à partir de leurs positions dans les montagnes Al-Balq al-Sharqi et Al-Falihah. Les forces de Sanaa ont réussi à dégager la zone stratégique d’Erq Moazez, au sud-ouest de la ville de Maarib sans que la flotte de la coalition puisse arrêter l’avancée des forces de Sanaa par des frappes aériennes de grande envergure contre l’est d’al-Balaq. La zone d’Erq Moazez est située à l’intersection des principales voies de secours pour un grand nombre de fronts au sud de la ville de Maarib, reliant la ville d’al-Juba à Wadi Obaida et aux montagnes orientales d’al-Balaq.
La bataille pour Maarib pourrait déterminer l’issue de la guerre au Yémen. La coalition mise sur les frappes aériennes pour endiguer la progression des forces gouvernementales à Sanaa sans succès, car la province de Maarib n’a jamais été frappée par autant de raids aériens au cours des derniers mois et elle n’a jamais été par ailleurs si proche de la libération. Même erreur de calcul à Chabwa où le gouverneur démis par les Émirats a promis de venger le sang de son frère et où la rue s’est soudainement embrasée contre les forces émiraties ce 21 février. Mais de grosses erreurs géostratégiques, les USA et leurs sbires en commettent des tas…, pas les Russes. Et c’est sur ce tact que compte Ansarallah.