Questions à Vladimir Zharikhin : Il est de notoriété publique que la Russie est l’ennemi numéro un de l’OTAN. En principe, ce bloc militaro-politique existe pour affronter notre pays. On le voit bien aujourd’hui par les actions concrètes de la communauté occidentale. Mais la Chine s’est également retrouvée dans le collimateur de l’OTAN, même si elle se trouve à des milliers de kilomètres des pays de l’Alliance de l’Atlantique Nord, de l’autre côté du globe. Pourquoi ?
Le chroniqueur du Red Star en a parlé avec le célèbre politologue Vladimir Zharikhin, directeur adjoint de l’Institut des pays de la Communauté des États indépendants.
« …Désormais, l’alliance nord-atlantique vise aussi la Chine, il n’y a rien d’inattendu. Le fait est que la Chine est non seulement un pays doté d’une civilisation et d’une culture anciennes, mais aussi, depuis peu, l’économie la plus forte du monde. Son PIB a longtemps dépassé celui des États-Unis. Elle a surpassé les Américains dans de nombreux autres domaines et dispose d’une politique étrangère indépendante. Et cela ne peut qu’irriter l’Amérique, qui ne tient qu’à être forte et préfère dominer le monde sans discernement. Ils ne veulent pas de partenaires égaux, ils veulent des vassaux. »
« …Le commandement indo-pacifique des forces américaines a proposé un financement de 1,02 milliard de dollars jusqu’en 2027 pour améliorer la logistique, la maintenance et le prépositionnement pour son initiative de dissuasion du Pacifique centrée sur la Chine.
« …En ce qui concerne les alliances militaires et politiques dirigées par les États-Unis dans la région indo-pacifique, elles poussent comme des champignons. Le mois dernier, les États-Unis ainsi que le Royaume-Uni, l’Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande ont créé une nouvelle organisation de coopération dans le Pacifique – PIP (« Partners in the Pacific »). Un an plus tôt, l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis avaient conclu un partenariat trilatéral en matière de Défense et de Sécurité. Cette alliance s’appelait AUKUS. À cela s’ajoute le QUAD, un dialogue quadrilatéral entre l’Australie, l’Inde, le Japon et les États-Unis sur les questions de sécurité dans la région indo-pacifique. Comme indiqué dans les documents de l’alliance, celle-ci est destinée à approfondir les liens économiques, diplomatiques et militaires entre les quatre pays. Dans le même temps, les États-Unis n’ont pas caché qu’ils avaient l’intention de l’utiliser contre la Chine. »
« …Et pourquoi les États-Unis étendent-ils les activités de l’Alliance de l’Atlantique Nord à la région indo-pacifique ? Tout d’abord, les pays asiatiques ne sont pas tous désireux de danser sur la mélodie américaine, de vivre selon les règles fixées par les États-Unis. Nombre d’entre eux aspirent à développer la coopération et la collaboration avec la Chine et la Russie. Cela a été démontré de manière convaincante lors de la réunion des ministres des Affaires Etrangères du G20. Quels que soient les efforts déployés par les États-Unis et leurs alliés les plus proches, ils n’ont pas réussi à convaincre les participants de soutenir la politique anti-russe de la communauté occidentale ou la « politique d’endiguement » de la Chine. »
» Deuxièmement, en déclarant la RPC adversaire de l’OTAN et en opposant ainsi les pays européens à la Chine, les États-Unis les attachent encore plus étroitement à eux. En substance, elle transforme les alliés américains de l’OTAN, dont la plupart ont déjà perdu leur souveraineté à cause du conflit ukrainien, en véritables vassaux des États-Unis. Troisièmement, en ciblant l’OTAN sur la Chine et la région indo-pacifique, les États-Unis ont l’intention de faire de cette alliance une alliance mondiale dans l’espoir qu’elle les aidera à atteindre l’hégémonie mondiale. Et il est possible que les États-Unis envisagent de placer toutes les alliances régionales sous la bannière d’une sorte d’OTAN mondiale et de présenter un front uni contre la Chine et tous les autres pays qui ne veulent pas vivre selon les règles américaines. »
« …La Chine doit gagner du temps. Le fait est que le pays est en train de développer son marché intérieur, sa consommation intérieure. La Chine devient de plus en plus indépendante des exportations et donc des États-Unis et de l’UE. Mais elle n’a pas encore atteint le niveau où la majeure partie de sa production est destinée à la consommation intérieure. C’est pourquoi il est important qu’elle repousse le plus longtemps possible la confrontation active avec l’Occident, qui se traduira par des sanctions économiques sévères et, éventuellement, par des mesures militaires de l’alliance – conflit. »
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