scabreuses du conflit du Proche-Orient au point qu’ Israël a établi
deux cimetières à cet effet, où sont gardées les dépouilles pour les
utiliser à des échanges successifs.
maison qu’occupe la famille de Dalal al Mughrabi à Beyrouth est orné
d’un immense portrait de la jeune-fille. « C’est la dernière photo
qu’on a faite. On l’a offerte à ma mère », précise Shadi Mughrabi. Le
nom de Dalal Mughrabi est associé à une époque tumultueuse du
Proche-Orient. L’époque dans laquelle les Feddayins (combattants)
palestiniens de Yasser Arafat, luttaient contre les troupes
israéliennes à partir de bases libanaises.
Pour les Palestiniens, c’est la jeune-fille qui est
morte à 19 ans. Arafat s’est référé à elle en 1995 comme une icône
brillante, l’appelant "étoile". "C’est la femme dont nous sommes fiers
et par laquelle nous avons atteint la gloire", a t-il ajouté.
Cadavres en exil
Les corps de près de 200 combattants palestiniens et libanais sont emmenés à Beyrouth
-Toutefois, à Tel-Aviv
on s’en souvient comme de la dirigeante d’un commando qui s’est
infiltré dans le pays, a pris en otage un autobus aux abords de la
capitale et dont le périple s’est achevé dans un bain de sang qui a
coûté la vie à une quarantaine d’israéliens et à presque tous les
attaquants.
Le ministre de la défense israélien de l’époque, Ezer
Weizman, l’a décrite comme la "pire attaque" subie par Israël depuis 30
ans. En guise de représailles, trois jours après l’armée de ce pays a
envahi le Liban pour la première fois dans ce qu’on appelle l’
’Opération Litani », qui a fait plus de 2000 morts dans la nation arabe.
Le souvenir de Mughrabi a été ravivé devant la possible
incorporation de son corps dans l’échange de prisonniers que doivent
négocier dans les jours à venir Israël et le Hezbollah. Les premiers
remettraient environ 200 cadavres au mouvement libanais, dont la
plupart — 155, selon l’agence Maan — sont des combattants palestiniens
qui ont été tués au cours des trois dernières décennies du vingtième
siècle.
L’échange de morts est une des pratiques les plus
enracinées et scabreuses du conflit du Proche-Orient au point qu’
Israël a établi deux cimetières à cet effet, où sont gardées les
dépouilles pour les utiliser à des échanges successifs.
Déjà en 1999, l’organisation israélienne B’Tselem a
publié un rapport intitulé « Cadavres captifs » dans lequel elle
dénonçait la « prise d’otage » dans son propre pays des restes de
combattants ennemis qu’elle considérait comme "moralement inacceptable"
et contraire à toutes les lois internationales. Le texte citait une
déclaration d’un député de gauche de l’époque Yossi Sarid, faisant
référence à ce comportement : "Faire du commerce avec des corps nous
fait descendre au plus bas niveau de la moralité humaine."
L’organisation chiite libanaise Hezbollah maintient la même attitude au
Liban et il n’y a même pas l’équivalent de B’Tselem pour critiquer ces
pratiques.
Le dernier pacte a suscité la controverse parmi les
Palestiniens installés dans les pays arabes parce que la plupart des
familles de ces combattants ont refusé que leur corps soient "envoyés
en exil" selon l’expression de Shadi Mughrabi. "Dans les échanges des
années 1985 et 2004, on nous a offert de ramener le corps, mais nous
avons refusé. Nous voulions que Dalal reste en Palestine", dit le jeune
frère de Dalal.
Une légende
Alors que la famille de Mughrabi parle avec le
journaliste, le Sultan Abu Ayna se présente à la maison. Le plus
important chef du Fatah (le parti du chef palestinien Abou-Mazen) au
Liban vient précisément pour expliquer à Amina Ismail, la mère de la
militante, les détails du pacte imminent.
"Dalal est une légende et nous avions demandé qu’ils
nous rendent sa dépouille pour l’enterrer à côté de Abou Amar [Arafat]
à Ramallah. Les Israéliens disent que c’est impossible, parce que son
corps est mélangé à d’autres. Mais nous allons continuer à lutter pour
qu’elle revienne à Ramallah. Nous avons parlé avec les familles des
martyrs et tous veulent que les corps restent là-bas", dit-il.
L’oncle de Mohamed Rayi Sarna, autre membre du commando
de 13 personnes conduit par Dalal, s’est également exprimé dans des
termes similaires. "Nous demandons à l’Autorité nationale palestinienne
de faire pression sur la communauté internationale pour que les corps
restent sur leur terre. Deux jours avant sa mort, Mohammed a dit à sa
mère : ’Maman, j’ai rêvé que j’allais en Palestine et que je mourrais
là-bas parce que je ne peux pas rester en exil au Liban’", a déclaré
Mohamed Sharaan, 70 ans, résident du camp de Miye-Miye.
L’entourage a apporté de nouvelles affiches avec le
portrait de Dalal qui sera publié dans les prochains jours dans les
camps palestiniens. Même si le sort s’oppose au destin des corps, le
Fatah a l’intention de profiter politiquement de l’occasion et
d’organiser des commémorations populaires.
Parmi les corps qu’enverra Israël au Liban figure aussi
celui du militant libanais Yahya Skaff, dont le sort pendant de
nombreuses années a été une source de controverse parce que les
Palestiniens assuraient qu’il avait été exécuté après avoir été capturé
vivant dans la même action menée en 1978.
"Ils l’ont assassiné parce qu’ils ne pouvaient laisser
en vie aucun membre de cette opération héroïque. Nous sommes revenus 30
ans en arrière. Je ne sais pas s’il faut rire ou pleurer. Bien que je
sache qu’à partir de ce jour, je pourrai dormir tranquille en sachant
que mon fils repose en paix à côté de moi", a déclaré Aysha Taleb, la
mère du défunt, à New TV.
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=4772
9 juillet 2008 – El mundo – Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elmundo.es/elmundo/2008/…
Traduction de l’espagnol : Charlotte