a écrit:
Une escroquerie royale à
l’Union européenne et la fille du Shah d’Iran
Une PRÉTENDUE Altesse usurpe une
fonction de haut vol à Bruxelles. Mille euros par mois à chaque citoyen, tel
est son programme. La
Commission se tâte
Tout a commencé par un coup de fil à
la rédaction. Un homme, que nous appellerons Monsieur X se présente comme «
l’ambassadeur de Belgique pour sa partie francophone » de l’IET (Institut européen de Technologie). Il
peste contre un article de La Libre Belgique
qui, la veille, a traité de la
candidature des villes européennes en compétition pour accueillir le futur IET.
« La Belgique
pourrait perdre des milliards dans cette histoire », s’emporte Monsieur X, qui affirme en savoir bien
plus. Rendez-vous est fixé à la rédaction. Le 8 mai, l’« ambassadeur » se
présente à la réception du Soir, rue Royale, à Bruxelles. En jeans. Même la
diplomatie évolue, pense-t-on. Une dame l’accompagne. Il nous la présente. Son
altesse royale Edwige de Vincent de Bourbon nous tend une main délicate. Durant
une heure et demie, elle va tenir le crachoir. Rapide présentation de sa Personne,
belle-sœur de Jacques Chirac, « comme vous le savez », qui l’a placée à la tête de l’IET lors du sommet
européen des 15 et 16 juin 2006, et fille illégitime, «
comme vous le savez », du shah
d’Iran.
Très
rapide tour du propriétaire de l’IET dont les « chercheurs doivent trouver
une solution pérenne aux problèmes de la population que sont la pauvreté,
l’immigration, etc. » Puis, entrée dans le vif du sujet : le nouvel
institut n’en finit plus d’attendre les 308 millions qui lui ont été promis. «
Je vais faire sauter la
Commission Barroso », s’emporte-t-elle. Des factures ont
été adressées à la
Commission. Toujours impayées. « Ce qui oblige le Dr
Bahram Faradghi Daryan, coprésident de l’IET, à continuer à exercer son
activité de dentiste pour vivre. » Dans un cabinet de dentisterie sis rue
Pascal à Bruxelles qu’un huissier est venu saisir.
Surréaliste ? Il y a plus étonnant encore. Dans le cadre d’un
programme baptisé « World Human Facilities » (qui a pour président
ledit Bahram Faradghi Daryan, qui est Belgo-Iranien), celle qui se fait
appeler Edwige de Vincent de Bourbon s’apprête à distribuer 1.000 euros
chaque mois à chaque Européen adulte. A vie. « Sans sélection, sans discrimination. » L’argent proviendra « du trésor que constituent, seconde après seconde, les chambres de compensation financières », soit « 50 trillions de milliards d’euros jour » jusqu’ici « détruits par Clearstream ». Cette manne, l’IET « qui est au-dessus des Etats, et dont les membres ne peuvent être soumis à enquête », va la récupérer pour mieux la distribuer. Dès le 15 juin.
En se dirigeant vers la sortie, son « altesse royale » dit encore
tout le mal qu’elle pense de la Belgique, de la France, des Pays-Bas,
qui n’ont pas daigné recevoir ses ambassadeurs. « Je le regrette, dit-elle, mais cela a pour conséquence que les Belges n’auront pas leurs mille euros par mois à partir du 15 juin. »
Plainte a été déposée contre l’administration belge pour «
discrimination et atteinte aux droits de l’homme ». Abracadabrantesque
? Doux euphémisme. Les milieux du pouvoir – qu’il s’agisse de
politique, de justice ou de presse – ont l’art d’exciter les
imaginations. En toute logique, cette histoire de robin des bois du XXIe
siècle n’aurait pas mérité trois lignes dans un journal. Mais l’«
altesse » n’est pas une inconnue. Plusieurs plaintes ont en effet été
déposées contre elle devant la justice belge, entre 2006 et 2008. Pour
faux en écriture et fraude informatique. L’avant-goût de ce qui
ressemble à une escroquerie, menée au détriment des institutions
européennes. La Commission pourtant réagit mollement.
Une précision : l’Institut européen de technologie existe bel et
bien. L’idée en a été officiellement présentée par la Commission en
octobre 2006. Fidèle à la stratégie de Lisbonne, l’Europe veut réunir
ce qu’elle a de mieux en termes de sciences, d’entreprises et
d’éducation pour libérer son potentiel d’innovation. Le 11 mars 2008,
le Parlement européen a adopté le règlement établissant la création de
l’IET. Les prochaines étapes consisteront à nommer les membres du
comité directeur de l’Institut, d’ici à juin, et à établir les deux ou
trois premières « communautés de la connaissance et de l’innovation »
(CCI), vers la fin 2009.
A ce jour, l’IET n’a donc pas de président. C’est pourtant ce titre qu’arbore son « altesse »…
Celle qui se fait appeler Edwige de Vincent de Bourbon est née en
1957 à Vichy, en France. Des histoires incroyables circulent sur son
compte. A la mairie de Montalivet, dans le Médoc, c’est en pouffant que
l’on répond à nos questions. « Cette femme n’a pas de titre de
noblesse. C’est pour cela qu’elle se fait appeler “princesse”, terme
qui n’est pas protégé par la loi ».
Devenue Edwige Vincent Caudie par son mariage avec un policier –
qu’elle présente comme le frère de Jacques Chirac, pourtant enfant
unique –, elle a vécu dans un camp naturiste de la municipalité avant
d’en être expulsée. « Elle s’en est prise aussi au maire, nous dit le premier adjoint à la mairie, qui a refusé de l’appuyer dans son “combat politique”. »
Car en 2002 et en 2007, son « altesse » s’est alignée aux
présidentielles. Sans obtenir les 500 signatures nécessaires. En 1997,
elle avait été candidate aux législatives, totalisant 143 voix…
Ses péripéties bruxelloises sont plus récentes. En 2006, il est
question d’un différend financier de 555.000 euros avec la Commission.
Edwige Vincent Caudie signe alors un rappel de facturation
particulièrement flou en tant que « journaliste et consultant
international ».
Depuis, elle a mis au point son très humaniste programme World
Human Facilities. Sur internet, elle récupère le drapeau étoilé de
l’Union pour le flanquer d’une… licorne, laquelle renvoie à un site
baptisé Ceca (pour « Centre européen Cheval arabe »). Rien à voir donc
avec la Communauté économique du charbon et de l’acier, même si
l’opportun acronyme semble traduire une dilection pour les choses de
l’Europe…
Sa force ? Le culot. Un exemple parmi d’autres : ce site internet
(1) consacré prétendument au véritable l’IET (notre photo) où son
altesse grille une cigarette dans une posture peu technocratique, règle
ses comptes avec l’UE et accuse pêle-mêle l’extrême droite, le
président de la Commission Jose Manuel Barroso ou encore Nicolas
Sarkozy de tous les maux de la Terre. Au milieu de cette longue
diatribe à l’orthographe incertaine, un « portrait de famille » : celui
de Jacques Chirac, le beau-frère… Plus c’est gros, mieux ça passe.
Depuis des mois, son altesse use et abuse de l’étiquette européenne. A
quiconque veut gagner mensuellement 1.000 euros, elle fixe rendez-vous
les 12 et 13 juin dans une agora citoyenne organisée par le Parlement
européen. Une agora bien réelle, prise en otage dans le cadre d’un
projet loufoque.
Pour asseoir sa crédibilité, de prétendues relations sont
alignées. Citons pêle-mêle un vice-président du Parlement, le Vert
français Gérard Onesta, qui confirme ne pas connaître son « altesse ».
Herman De Croo, Philippe Maystadt… et même Mouammar al-Khadafi : « Le Guide », susurre-t-elle, comme si elle parlait d’un vieux copain de chambrée.
Une originale ? Sans doute, mais qui peut entraîner dans son
sillage des personnes mal intentionnées, amères ou naïves. C’est ainsi
que Monsieur X, notre ambassadeur IET pour la « province wallonne »
(sic), s’en est allé défendre un plan de redressement du Congo chez le
ministre des Affaires étrangères Karel De Gucht. Il a trouvé porte
close. L’anecdote prête plutôt à sourire à proximité des institutions.
Mais à 3.000 km d’ici, où un ambassadeur en vaut un autre ?
Un escroc ? L’argent est un des moteurs d’Edwige Vincent Caudie,
comme le montrent ses lettres de réclamation à la Commission. Dans un
document daté du 16 janvier 2007, son altesse évoquait aussi une dette
qu’aurait l’Hexagone envers son fils, « le prince William Damien »,
soit 300.000 euros à titre de défraiements. Moins farfelue est cette
lettre envoyée à un inventeur français l’invitant à verser la somme de
1.500 euros pour se voir attribuer un brevet de l’IET qui protégerait
son moteur à mouvement perpétuel… Un attrape-gogos.
Curieusement, Edwige Vincent Caudie semble évoluer sans peine
dans les institutions européennes. Probablement grâce à une carte de
presse de la Commission qu’elle exhibe fièrement, oubliant que le
métier de journaliste est incompatible avec celui de présidente de
l’IET.
Probablement aussi est-ce ce sésame qui lui a permis un jour de
s’asseoir à la Cocobu, la Commission de contrôle budgétaire du
Parlement européen. Elle en exhibe le procès-verbal qui renseigne sa
présence comme la preuve indubitable de ses fonctions.
La Commission européenne, peu bavarde sur le sujet, confirme que « les prétentions de cette dame et de son complice, M. Bahram Faraghi Daryan, ne correspondent pas à la réalité ». Et «
si elle n’a pas encore intenté d’action légale, elle examine
actuellement avec un avocat belge si une telle action est faisable et
sur quelle base légale aux termes de la loi belge », nous écrit son service juridique.
source: http://archives.lesoir.be/une-escroquerie-royale-a-l%26%238217-union-europeenne_t-
20080523-00G654.html?queryand=edwige+vincent+de+bourbon&firstHit=0&by=10&when
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