moi qui viennent au bureau ovale et qui disent : ‘M. le Président,
voici ce que j’ai en tête’. Et j’écoute attentivement leurs conseils.
Mais ayant rassemblé le dispositif (sic), je décide, vous savez, je
dis : ‘Voilà ce que nous allons faire’. Et c’est : ‘Oui, Monsieur le
Président’. Et ensuite, nous suivons et exécutons cette politique." –
Président George W. Bush, 3 octobre 2007.
Plan de sauvetage bancaire : ce que
Wall Street espérait gagner
Anxiété à Wall Street avant de savoir si les contribuables américains vont racheter ou non les dettes des spéculateurs…
Pauvre Président Bush !
Il a été mis de côté en tant que Décideur. La démarche orgueilleuse du Décideur
et son entourage médiatique, de même que les coffres des Etats-Unis, devaient
être remis à Henry M. (Hank) Paulson, le Secrétaire au Trésor, qui aurait eu
une autorité considérable sur le partage avec ses petits copains de Wall Street
d’un nouveau butin accru et sur l’installation d’une nouvelle et vaste
démocratie de la subvention, aux dépens du contribuable.
Mais il se pourrait bien
que la Maison
du Peuple ait écouté le peuple. La
Chambre des Représentants a voté lundi pour rejeter la mesure
de subvention, par 228 voix contre 205.
Quel beau message orwellien cette proposition aurait
envoyé aux enfants de notre nation et aux honnêtes travailleurs :
pillez et écroulez un système financier vieux de 200 ans et vous
recevrez en récompense 700 milliards de dollars d’argent frais du
contribuable à partager entre vos petits copains complices de cet
effondrement !
Jusqu’à sa prestation de serment, le 10 juillet 2006,
en tant que Secrétaire au Trésor, M. Paulson était le président
directeur général de Goldman Sachs. Les instruments exotiques créés par
Goldman et colportés dans le monde entier, lorsque M. Paulson était le
Décideur de Goldman, ont contribué à cet effondrement. Son ancienne
firme a aussi bénéficié de dizaines de milliards de dollars du
contribuable déjà distribués par la Réserve Fédérale. D’autres firmes,
comme Merrill Kynch et Citigroup/Smith Barney, qui ont cassé les reins
de Fannie Mae et de Freddie Mac en leur vendant des milliards de
dérivés explosifs, ont également vu leurs anciens directeurs exécutifs
nommés à des postes en or dans cette mission de "sauvetage".
Et attendez-vous dans les jours à venir à ce que cette
proposition de subvention soit encore plus corrompue. (Cette
proposition me rappelle cette couverture de BusinessWeek, du 13 mai
2002, posant cette question à propos de Wall Street : "A quel point
[Wall Street] est-il corrompu ?" Ils répondaient à leur propre question
avec une photo géante représentant un serpent enlaçant le poteau
métallique signalant Wall Street. La proposition de subvention était si
vague que lorsque j’ai lu ses 106 pages sur le site internet de
CNNMoney, dimanche soir, le 28 septembre 2008, l’écran est devenu blanc
à 19h59. Quelques minutes plus tard, je lisais une version différente
de cette proposition, qui faisait désormais 110 pages. Heureusement,
j’avais imprimé une copie de la première version et je l’ai comparée
ligne à ligne pour comprendre ce que préparaient les
banquiers-gangsters.
Particulièrement intéressant, en page 6, où,
auparavant, le nouveau Bureau de Stabilité Financière [Office of
Financial Stability] serait dirigé par un Secrétaire-Adjoint au Trésor
nécessitant l’approbation du Sénat, 16 mots supplémentaires avaient été
ajoutés à la phrase : "sauf qu’un Secrétaire-Adjoint intérimaire peut
remplir cette fonction en attendant la confirmation par le Sénat."
En réalité, tout ce dont ils avaient besoin était
d’envoyer continuellement des candidats en conflit avec le Sénat, et
des milliards de dollars pouvaient être dépensés avant que le Sénat
approuve et confirme un candidat. Un autre changement, en pages 14 et
15, concernait la manière dont le Décideur serait contrôlé :
auparavant, il était dit ‘toute action’ prise par le Secrétaire au
Trésor peut être examinée. Cela a été changé en ‘la politique’.
Dans la première version, les soupçons de fraude
devaient être rapportés à l’Inspecteur Général du Département du
Trésor. Cela a été complètement modifié pour créer un poste entièrement
nouveau d’ "Inspecteur Général Spécial au Programme de Sauvetage des
Actifs à Problème". (Je pense que tout le monde comprend que ce poste
aurait été pourvu par un autre petit copain de Wall Street.)
Mais l’aspect le plus fourbe et le plus effrayant de ce
plan, comme toujours, se trouvait enfoui aux fins fonds du document,
situé là, dans l’espoir que tout le monde serait endormi par le jargon
juridique avant d’arriver aussi loin. Dans les deux versions, il y a la
Section 128, qui paraît inoffensive. Elle dit simplement : "La Section
203 du Financial Services Regulatory Relief Act of 2006 [la loi de
régulation du sauvetage des services financiers de 2006] est amendée,
‘le 1er octobre 2011’ est remplacé par ‘le 1er octobre 2008’."
Quelle aurait été le résultat effectif ? D’avancer la promulgation de cette section de la loi à cette semaine.
Et quel aurait été l’impact de la modification de cette
loi ? (Prenez un moment pour intégrer ceci.) Cette merveilleuse
proposition bipartite de subvention, négociée aux petites heures du
matin par des parlementaires privés de sommeil, était conçue pour
arriver avec un Cheval de Troie furtif, incorporé par les avocats de
Wall Street. Les banques déjà en difficulté, par manque de capital,
auraient pu détenir un capital de "zéro" pour leurs transactions.
Et cela résout un énorme mystère. Tout Wall Street a
essayé de comprendre pourquoi des firmes comme Goldman Sachs et Morgan
Stanley, qui se sont concentrées sur les fusions, les acquisitions, les
souscriptions d’actions et d’obligations pendant plus de 212 ans
cumulés à elles deux, ont décidé dans la douleur d’entrer dans le vieux
monde de la banque de détail et de se transformer en société de holding
bancaire. (C’est comme demander à General Motors de se restructurer du
jour au lendemain en fabricant de machines à laver.) A présent, nous
savons. Si cette proposition de subvention avait été votée sous sa
forme actuelle. Ces firmes auraient eu cette semaine un nouveau
meilleur ami à la FED, qui leur aurait permis de détenir zéro réserves
pour leurs transactions. Il ne faut pas s’étonner si les actions de ces
deux firmes ont été vendues massivement hier, lorsque le Congrès a
rejeté ce plan : Goldman a clôturé à moins 12% et Morgan à moins 15%.
Ce Cheval de Troie dans ce plan de subvention résout
également un autre mystère. Pourquoi Citigroup, banque corrompue
jusqu’à la moelle, criblée de pertes, dirigée à présent par l’ancien
patron d’un fond spéculatif, a-t-elle été autorisée lundi par le FDIC
[société fédérale de garantie des dépôts bancaires] à acheter 400
milliards des dépôts de la banque Wacovia, donnant à ce tyran mondial
désemparé 30% des dépôts bancaires garantis en Amérique ?
Pour une fois, nous pouvons être fiers d’au moins 228
de nos parlementaires. Oui, nous avons besoin d’une action rapide et
raisonnée pour éviter un effondrement financier. Mais un plan qui
permet à un seul homme d’accéder sans entraves à 700 milliards de
dollars du contribuable, de décider quelles firmes survivront, de
concentrer potentiellement le pouvoir entre les mains de quelques
copains, tout en repoussant le débat de la régulation vitale à l’année
prochaine, n’est pas un plan. C’est un crime organisé finement déguisé
en législation.
Pam Martens – Counterpunch
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5149