Guerre De Barbarie De l’OTAN En Afghanistan : Des Civils Massacrés Pour Epargner Les Militaires
Le massacre d’Afghans innocents par les bombes US est le résultat d’un calcul et non pas simplement d’erreurs. Et cela ne fait que renforcer la résistance.
Alors que tous les regards dans le monde occidental sont braqués sur la crise mondiale financière, on est entrain de perdre le contrôle de la campagne militaire à l’origine de la guerre contre le terrorisme. 7 ans après que les US et la Grande Bretagne aient lancé leur attaque en Afghanistan pour chasser les Talibans et capturer Osama Ben Laden, les Talibans encerclent la capitale, Al Qaeda s’épanouit au Pakistan et ceux qui soutiennent la guerre ont publiquement avoué que la guerre était déjà perdue.
Comme l’a concédé l’amiral Mike Mullen, à la tête des chefs d’état major conjoints de l’armée US, le pays est pris dans une "spirale plongeante" de corruption, de chaos, et d’insurrection. L’ambassadeur de Grande Bretagne à Kaboul, Sir Sherard Cowper Coles, est cité, dans un compte rendu rendu public involontairement, disant " la stratégie américaine est destinée à échouer". Le même diplomate, qui nous a dit que les troupes britanniques seraient en Afghanistan pendant des décennies croit maintenant que les troupes étrangères font "partie du problème et pas de la solution".
Le commandant britannique, le brigadier Mark Carleton-Smith, a été encore plus brutal la semaine dernière " nous n’allons pas gagner cette guerre", a-t-il dit, ajoutant que si les Talibans étaient prêts "à discuter d’un accord politique" c’était "précisément le genre de progrés qui met un terme à ce genre d’insurrection". Les propos du duo ont été fermement condamnés par le secrétaire à la défense US, Robert Gates, comme du défaitisme. Mais même Gates accepte publiquement maintenant des discussions avec les Talibans, ce qui effectivement a lieu avec le soutien de l’Arabie Saoudite. C’est le conflit pour lequel les politiciens occidentaux et les medias continuent de faire pression sur leurs populations réticentes pour qu ‘elles le soutiennent comme étant une guerre de civilisation. En réalité, c’est une guerre de barbarie, car le mépris pour la vie afghane a renforcé cette résistance que les armées occidentales et les dirigeants politiques sont incapables de contrôler.
Pour cette seule année, pour chaque soldat d’occupation tué, au moins 3 civils afghans sont morts aux mains des forces d’occupation. Cela inclu les 95 personnes dont 60 enfants, tués par un assaut aérien US à Azizabad en août, les 47 invités d’un mariage décimé par un bombardement US à Nangarhar en juillet – les forces armées US ont une habitude particulière consistant à attaquer des mariages- et les 4 femmes et enfants tués par des barrages de roquettes britanniques il y a six semaines à Sangin.
C’est Marc Herold, un professeur US à l’Université de Hamsphire, qui a mené l’étude la plus documentée sur les pertes afghanes ces 7 dernières années. Dans son dernier rapport, Herold estime que le nombre des civils tués directement par les US et d’autres forces de l’OTAN s’élève à 3273 depuis 2006, et est déjà plus élevé que les pertes subies lors des bombardements dévastateurs pour chasser les Talibans en 2001. Et depuis l’année dernière les forces de l’OTAN sont responsables du triplement du nombre de civils tués malgré le changement des règles d’engagement.
Mais ce qui est le plus probant c’est le calcul politique et militaire sur lequel repose ce bain de sang afghan. " Soutien aérien rapproché" avec des bombardements aériens réclamés par les troupes au sol – qui sont passées de 176 en 2005 à 2926 en 2007 et qui sont actuellement le choix statégique des US – qui sont entre 4 et 10 fois plus mortels pour les civils afghans que les attaques au sol , selon ce que montre les statistiques, et les attaques aériennes des forces d’occupation sont maintenant responsables à 80 % des pertes en vies humaines.
Mais tandis que 242 soldats de l’OTAN et des US sont morts au cours de la guerre contre les Talibans cette année, pas un seul pilote n’a été tué en action. Le calcul est on ne peu plus évident. Alors qu’ils manquent de troupes au sol et que les US sont enfoncés jusqu’au coup en Irak, les US et l’OTAN s’appuient sur les attaques aériennes pour réduire leurs propres pertes faisant en sorte qu’un plus grand nombre de civils afghans soient tués.
C’est cette équation qui rendent insensées les affirmations des US et de l’OTAN comme quoi les victimes civiles sont des "dommages collatéraux" tandis que l’utilisation par les Talibans d’explosifs placés en bordure de route, d’attaques suicides et d’opérations classiques de guerillas à partir de zones civiles seraient signe de leur turpitude morale. Dans la vie réelle, la montée en flêche du nombre de morts civils n’est pas du à des erreurs, mais le résultat d’une décision claire prise pour faire passer avant les vies des civils, celles des soldats d’occupation, les vies d’Occidentaux avant celles d’Afghans.
La dépendance sur la puissance aérienne est également le reflet d’une surexploitation des forces armées impériales US, et de la réticence des états membres de l’OTAN à envoyer plus de troupes au sol. Et malgré les jérémiades du Président afghan Hamid Karzai contre le traitement brutal du sang afghan par les forces de l’OTAN, néanmoins cette guerre aérienne indiscriminée continue. Pas étonnant, étant donné que le gouvernement US dépense 10 fois plus pour chaque loutre de mer touchée par la marée noire de l’Exxon Valdez, qu’il n’en dépense en "paiements de condoléances " (réparations) pour les Afghans dont un membre de la famille a été tué.
Mais la cruauté de l’occupation joue le rôle de sergent recruteur pour les Talibans. Comme Aga Lalai qui a perdu ces deux grands parents, sa femme, son père, trois frères et quatre soeurs l’été dernier lors d’un bombardement US dans le Helmand le dit : " tant qu’il n’y aura qu’un nourrisson de 40 jours de survivant, les Afghans combattront ceux qui nous ont fait cela".
Cela ne vaut pas seulement pour l’Afghanistan. Gordon Brown a dit récemment aux troupes britanniques présentes dans le Helmand " ce que vous faites ici empêche le terrorisme de venir dans les rues de Grande Bretagne". C’est le contraire qui est vrai. les occupations d’Afghanistan et d’Irak – et les atrocités menées contre les peuples de ces pays- son une motivation essentielle pour ceux qui projettent des attaques terroristes en Grandes Bretagne, comme l’ont montré chaque cas. Maintenant, les US lancent des attaques à l’intérieur du Pakistan, les risques de déstabilisation future et d’attaques terroristes ne peuvent qu’augmenter.
De hauts responsabes pakistanais sont convaincus que l’OTAN se prépare à jeter l’éponge en Afghanistan. Bush et les deux candidats à la présidentielle se sont engagés à un renforcement des troupes tel que celui effectué en Irak bien que le nombre de soldats envoyés en renfort ne changera rien au conflit- et dans le cas de Barak Obama ce serait pour lui fournir une couverture politique pour ses plans pour l’Irak. (Obama s’est engagé à retirer les troupes US d’Irak sur une période de 18 mois ndlt). Mais l’importance stratégique de l’Afghanistan fait qu’on ne peut envisager un retrait US mais plutôt une tentative pour se rallier une partie des Talibans dans le cadre d’une tentative chaotique pour réorganiser l’occupation.
Cela échouera. Les US et leurs alliés ne peuvent pas pacifier l’Afghanistan de même qu’ils ne peuvent pas fermer hermétiquement la frontière avec le sanctuaire taliban au Pakistan. Il y aura probablement une sorte de retrait négocié dans le cadre d’un accord régional et interne plus vaste. Mais des milliers d’Afghans – de même que des soldats des armées d’occupation – seront certainement sacrifiés en attendant cet accord.
Seumas Milne, The Guardian 16/10/08 – www.guardian.co.uk
Traduction Mireille Delamarre pour www.planetenonviolence.org
Civils-Massacres-Pour-Epargner-Les-Militaires_a1702.html?PHPSESSID=
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