La
Fin
d’Israël – Abdul-Wahhâb El-Messiri et la
Fin d’Israël
penseur musulman encyclopédique, nous a quittés suite à un long combat
avec le cancer, alors qu’il allait atteindre 70 ans.
Égyptien de naissance, Abdul-Wahhâb
El-Messiri a fait ses études universitaires en littérature anglaise en
Alexandrie, et puis a obtenu son magistère et son doctorat en
littérature anglaise et comparée aux USA. Il a enseigné dans
différentes universités en Egypte, dans le monde arabe et en Malaisie,
entre autres postes qu’il a occupés.
A travers les années et au cours de sa
maturation intellectuelle, El-Messiri a été membre de la confrérie des
Frères Musulmans dans sa jeunesse, puis il a rejoint le courant
marxiste pour l’accompagner et l’étudier de près pendant des années,
ensuite il a été attiré par la culture et la littérature occidentales
où il a longuement puisé, pour enfin rejoindre le havre de l’islam et
de la culture arabo-musulmane.
des sujets touchant la civilisation occidentale et usaméricaine, des
études littéraires et linguistiques, et aussi plusieurs livres de
littérature pour enfants, le Professeur El-Messiri est devenu, grâce à
un long travail en profondeur, l’un des meilleurs spécialistes mondiaux
de l’histoire du judaïsme et du mouvement sioniste, et de la pensée
juive et sioniste, avec plus d’une trentaine d’ouvrages entre 1972 et
2006, dont quelques-uns sont parus en anglais.
Son œuvre la plus importante et de
loin la plus connue, fruit de 25 ans d’efforts, et pour laquelle il a
reçu plusieurs menaces de mort de la part du rabbin Meir Kahane (le
fondateur de la Ligue de défense juive), est la grande « Encyclopédie
sur les Juifs, le Judaïsme et le Sionisme : un nouveau modèle
d’explication » en huit volumes, une œuvre unique sans équivalent de
cette envergure dans le monde. Une version électronique (en Arabe) de
cette encyclopédie est disponible sur son site à
www.elmessiri.com/encyclopedia/
Pour l’anecdote, son intérêt pour ces
sujets a commencé en 1963 aux USA quand il a demandé à une collègue
quelle était sa nationalité, et elle lui a répondu qu’elle était juive.
Il a alors insisté en disant qu’il voulait savoir sa nationalité et non
pas sa religion, mais la jeune dame n’a fait que répéter la même
réponse. Et dès lors, sa curiosité pour comprendre cette réponse l’a
incité à tout lire sur le sionisme, le judaïsme, les juifs et les
Israéliens.
Le Professeur El-Messiri ne s’est pas
contenté de ses activités intellectuelles, il s’est aussi impliqué en
tant que militant politique et opposant au régime égyptien en
participant à la création fin 2004 du mouvement pour le changement en
Egypte « Kifâya » (ça suffit) dont il est devenu le coordinateur
général début 2007.
Malgré son âge, le Professeur
El-Messiri a participé à plusieurs manifestations et actions pour la
défense de la liberté et la justice, contre la corruption, contre la
tentative du président égyptien Hosni Moubarak de léguer son poste à
son fils, et contre l’invasion culturelle occidentale et israélienne en
Egypte, comme par exemple son opposition à une proposition israélienne
d’enseigner l’hébreu comme deuxième langue dans les écoles égyptiennes.
Ses actions et ses écrits avec sa
profondeur d’analyse et son courage, lui ont valu beaucoup d’ennemis en
Israël jusqu’à ce qu’il soit accusé d’antisémitisme, et aussi au sein
même du régime égyptien, par lequel il était sans cesse harcelé, alors
que la rue arabe et les forces de résistance le considéraient comme
l’un des plus importants défenseurs des causes stratégiques da la
nation arabe et musulmane.
Sur son site, on peut lire dans la dédicace de son encyclopédie :
C’était un jour imprégné de l’odeur de l’histoire et de l’éternité.
[…]
Au matin, mon ami m’a dit que nous allions présenter nos condoléances à
la famille d’un martyr palestinien qui a été fauché par les balles
alors qu’il essayait de passer à travers les fils barbelés pour
retourner à sa terre. […] Quand nous sommes entrés dans la maison,
nous n’avons pas entendu de pleurs, et nous n’avons pas vu de signe de
tristesse. Bien au contraire, ils distribuaient des gâteaux et ils
recevaient des compliments en disant : « Bientôt au bled incha-Allah ».
Tout le monde parlait du don de soi et du sacrifice.
J’étais assis à côté d’un vieil homme,
un partisan du cheikh Izzeddine Al-Qassâm (1882-1935, d’origine
syrienne, il a fait ses étude à l’université Al-Azhar en Egypte avant
de s’installer en Palestine où il fut l’un des pères de la résistance
nationale armée contre les Britanniques et les Sionistes. Il fut tué
par les Britanniques dans une bataille en 1935, NdT). Le vieil homme me
dit : « Nous savions très bien que nos armes ottomanes étaient
vieilles, et que chaque fois que nous nous accrochions avec les
sionistes et les Britanniques ils allaient nous cueillir avec leurs
balles, comme ils viennent de faire avec notre fils martyr. Malgré
cela, nous partions toutes les nuits de nos villages pour les combattre
». Je lui demande : « Pourquoi ? » Le vieil homme se tait un peu, puis
il s’agite comme une vieille montagne palestinienne et il dit : «
c’était pour qu’on n’oublie pas la terre et le pays… Pour que
personne n’oublie la patrie ».
[…]
[Je dédie ce travail] à Abou Saïd, qu’Allah ait pitié de son âme,
Et à tous ceux qui ont enduré et résisté,
Et à tous ceux qui vont endurer et résister avec la grâce d’Allah…
Abdul Wahhâb El-Messiri
Je vous invite à lire ci-dessous une traduction de l’arabe d’un
article, publié sur le site de la chaîne Al-Jazeera, que le Professeur
El-Messiri a rédigé début septembre 2006 après l’agression israélienne
de 33 jours contre le Liban.
Ce texte, toujours d’actualité,
explique bien l’hyper-activité qui règne sur la scène internationale
pour redonner de la vigueur à un corps mourant.
Le 17 août 2006, pendant la sixième
guerre arabo-israélienne, alors que les avions israéliens bombardaient
les villes, les villages et l’infrastructure libanais, et faisaient
couler le sang des civils, le journal Maariv a publié un article rédigé
par le journaliste Yonatan Shem, et intitulé : « Tel Aviv a été fondé
en 1909, et en 2009 elle se transformera en ruines ». On lit dans
l’article que « il y a cent ans on a construit la première ville
hébreue, et après cent ans d’isolement, elle est condamnée ». Qu’est ce
qui pousse cet écrivain à parler de la fin, la fin d’Israël, alors que
la force militaire israélienne vient d’atteindre son apogée, et que le
soutien usaméricain, politique, financier et militaire, à cet État, a
dépassé toutes les limites et franchi toutes les lignes rouges ?
Comment expliquer cette situation ?
Tout d’abord il nous faut rappeler une
vérité ignorée par beaucoup dans le monde arabe, c’est que la question
de la fin d’Israël est enracinée dans la conscience sioniste. Bien
avant la création de l’État, beaucoup de sionistes étaient conscients
que le projet sioniste était une mission impossible et que le rêve
sioniste se transformerait en cauchemar. Depuis la création de l’État
et après que les sionistes eurent remporté « la victoire » sur les
armées arabes, la hantise de la fin n’a cessé de se renforcer. Déjà en
1954, Moshé Dayan, [qui deviendra plus tard] ministre de la Défense et
ministre des Affaires étrangères, déclare lors des obsèques d’un ami à
lui : « Nous devons être préparés et armés, être forts et durs, pour
que l’épée ne tombe pas de notre poing, et que la vie n’arrive à son
terme ». La fin, toujours présente dans les esprits, car les victimes
qui ont été chassées de chez elles, les voilà devenues, elles et leurs
enfants, des fidaiyne qui frappent aux portes pour réclamer la terre
qui leur a été usurpée. C’est pour cela que le poète israélien Haïm
Gouri considère que tout Israélien naît « avec, en son sein, le couteau
qui va l’égorger », car cette terre (Israël) « ne peut assouvir sa soif
», et elle demande toujours « plus de tombes et de cercueils ». Dans la
naissance il y a la mort, et dans le commencement il y a la fin.
Dans son roman « En affrontant le bois
» écrit dans la première moitié des années soixante, le romancier
israélien Abraham Yehoshua décrit l’état psychologique d’un étudiant
israélien qui a été affecté à un poste de garde d’un bois planté par le
Fonds National Juif (KKL) à l’emplacement d’un village arabe supprimé
par les sionistes. Bien que ce garde aime la solitude, il rencontre un
vieil Arabe sourd originaire de ce village, et qui s’occupait de ce
bois avec l’aide de sa fille. Une relation d’amour et de haine naît
entre l’Arabe et l’Israélien. L’Israélien a peur de la vengeance de
l’Arabe qui a reçu son handicap pendant les opérations de nettoyage
ethnique organisées par les sionistes en 1948, mais en même temps il se
sent attiré par ce vieil Arabe d’une façon extraordinaire. Il découvre
même, qu’il essaie inconsciemment de l’aider à mettre le feu au bois.
Et quand finalement l’Arabe parvient à allumer le feu, le garde se
libère de tous ses sentiments enfouis en son intérieur, et il ressent
un confort étrange après que le bois a été brulé, c’est-à-dire après la
fin d’Israël !
Dans une réunion privée au Centre
Al-Ahram pour les Etudes Politiques et Stratégiques, le Général
français André Beaufre, qui a conduit les forces françaises lors de
l’agression tripartite contre l’Egypte en 1956, nous a raconté une
histoire étrange dont il était le seul témoin. Il affirme avoir rendu
visite à Yitzhak Rabin à la mi-juin 1967, quelques jours après la fin
de la guerre [du 5 juin 1967], et alors qu’ils survolaient le Sinaï et
les forces israéliennes victorieuses sur leur chemin de retour en
Israël, il a été surpris d’entendre Rabin déclarer : « Qu’est ce qu’il
va rester de tout ça ? » Une fois au sommet, le général victorieux a
pris conscience du caractère inévitable de la chute et la fin.
Personne n’aime aborder la question de
la fin en Israël, mais elle revient à chaque crise. Pendant l’Intifada
de 1987 quand le consensus sioniste sur la colonisation commençait à
s’effriter, Israël Harel, porte-parole des colons (fondateur et
ex-président des communautés juives en Judée-Samarie et Gaza, NdT),
avertit que toute forme de retrait (unilatéral) et de concession, ne
s’arrêterait pas à la ligne verte (frontières de 1949), car cela
impliquerait un retrait spirituel qui pourrait menacer l’existence de
l’État lui-même (Jérusalem Post, 30 janvier 1988). De son côté, le
président du conseil régional de la Samarie déclare à Sharon (lors
d’une dispute verbale avec lui) que « la voie diplomatique est la fin
des colonies, c’est la fin d’Israël » (Haaretz, le 17 janvier 2002).
Les colons répètent sans cesse que le retrait de Naplouse signifie le
retrait de Tel-Aviv.
LA FIN D’ISRAËL…LA FIN DE LA TORTURE
Avec l’Intifada Al-Aqsa, les journaux
israéliens ont parlé à plusieurs reprises de la question de la fin
d’Israël. Le 27 janvier 2002, Yediot Aharanot publie un article
intitulé :« Ils achètent des appartements à l’étranger en prévision du
jour noir », le jour auquel les Israéliens n’aiment pas réfléchir,
c’est-à-dire la fin d’Israël ! Le même sujet est abordé dans un article
de Yael Baz Milmad (Maariv, le 27 décembre 2001) qui commence avec
cette réflexion : « J’essaie toujours de repousser cette idée
désagréable, mais elle revient chaque fois et apparaît de nouveau :
Est-il possible que la fin de cet État soit similaire à celle du
mouvement des Kibboutz ? Il y a plusieurs aspects de ressemblance entre
les événements que les Kibboutz ont vécu avant de s’affaiblir et de
rendre l’âme, et les événements qui se déroulent avec l’État ces
derniers jours ». Gideon Eiset résume bien la situation dans une phrase
dramatique : « Il y a une chose sur laquelle on peut pleurer : Israël »
(Yediot Aharonot, le 29 janvier 2002).
Même le magasine Newsweek sort un
numéro (le 2 avril 2002) avec l’étoile d’Israël en page de couverture,
et avec la question suivante à l’intérieur : « L’avenir d’Israël :
comment va-t-il survivre ? » Le magasine va même plus loin en se
demandant : « Est-ce que l’État juif va rester en vie ? A quel prix ?
Et avec quelle identité ? » Mais ce qui nous importe ici, c’est ce que
déclare l’écrivain israélien Amos Eilon en affirmant qu’il est dans une
situation de désespoir, car il craint qu’il soit déjà trop tard. Et il
ajoute « Je ne vous ai dit que la moitié de ce que je craignais »
(l’autre moitié est qu’il est déjà trop tard). La question de la fin
d’Israël est aussi traitée dans un article de d’Eitan Haber intitulé «
Bonne nuit le désespoir… Et que la mélancolie enveloppe Israël »
(Yediot Aharonot, le 11 novembre 2001). L’auteur souligne que l’armée
usaméricaine possédait les derniers équipements militaires, malgré
cela, tout le monde se rappelle les images des hélicoptères
usaméricains survolant l’ambassade à Saigon (en avril 1975, NdT), en
essayant de secourir les USaméricains et leurs agents locaux dans un
état de peur et de panique mortelle. L’hélicoptère est le symbole de la
défaite, de la soumission et de la fuite lâche au bon moment. Puis
l’auteur continue de détailler la situation : « l’armée des hommes aux
pieds nus du Vietnam du Nord a vaincu les combattants armés des
équipements militaires les plus modernes. Le secret est que c’est
l’esprit qui a conduit les combattants et leurs chefs vers la victoire.
L’esprit veut dire le moral, la ténacité, la conscience de suivre un
voie juste et la certitude qu’il n’y a pas d’autres options possibles.
Et c’est ce qui manque à Israël, qui est envahi par le désespoir ».
Quant à Abraham Burg, il déclare dans
un article (Yediot Aharonot, le 29 août 2003) : « La fin du projet
sioniste est déjà sur le palier de notre porte. Il y a une vraie chance
que notre génération soit la dernière génération sioniste. Il se peut
qu’il y ait toujours un État juif, mais il sera différent, bizarre et
laid… Car un État qui manque de justice ne peut survivre…
L’infrastructure sioniste est en train de se fissurer… A l’instar d’une
salle de mariage bon marché à Jérusalem, où seulement des fous vont
continuer à danser à l’étage supérieur alors que les piliers sont en
train de s’écrouler ». Ce même sujet revient dans un article de Liron
London (Yediot Aharonot, le 27 novembre 2003), intitulé : « Les
aiguilles de la montre s’approchent de zéro pour l’État d’Israël », où
on peut lire : « dans la conférence sur l’immunité sociale organisée
cette semaine, on a su qu’un très grand nombre d’Israéliens avait des
doutes sur l’existence l’État d’ici trente ans. Cette donnée
inquiétante montre que les aiguilles de la montre s’approchent de
l’heure 12 (c’est-à-dire l’heure de la fin), et que ceci est la raison
pour la multiplication des plans politiques qui naissent à l’extérieur
de la matrice stérile du pouvoir ». Et quand la Cour Internationale de
Justice avait déclaré le mur de « séparation » comme illégal, on a
immédiatement déclaré que c’était le début de la fin.
La question qui se pose, c’est
pourquoi cette obsession de la fin qui hante les Israéliens ? Il y
aurait plusieurs raisons. Mais la plus importante est le fait que les
colons sionistes ont compris qu’il y avait une loi qui s’appliquait sur
toutes les entités colonialistes. Cette loi stipule que ce sont
seulement les entités qui ont exterminé les populations autochtones
(comme en Amérique du Nord et en Australie) qui ont survécu. Mais en
revanche, celles qui ont échoué dans leurs tentatives d’extermination
des indigènes (comme les royaumes francs, appelés aussi royaumes des
croisés, l’Algérie et l’Afrique du Sud), ces entités-là ont fini par
disparaître. Et les colons sionistes ont bien conscience que leur
entité colonialiste appartient à ce deuxième modèle et ne fera pas
exception à la règle.
Les Sionistes savent qu’ils habitent
la même terre où ont été établis les royaumes francs [de la terre
sainte], et qu’ils sont entourés des ruines de ces royaumes, qui leur
rappellent que cette expérience colonialiste a bien échoué et disparu.
De plus, ce qui aggrave cette obsession de la fin, c’est que dans les
consciences occidentale et sioniste, on considère depuis le début qu’il
y a un lien et une continuité entre le projet des croisés et le projet
sioniste. Lloyd George, le Premier ministre britannique du gouvernement
qui a formulé la promesse de Balfour, a déclaré à propos du Général
Allenby qui a conduit les troupes britanniques qui ont envahi la
Palestine, qu’il avait mené et gagné la dernière et la plus grande
campagne victorieuse des croisades. Nous pouvons dire que le projet
sioniste est le même que le projet franc après qu’il a été laïcisé, et
qu’on a substitué la matière humaine juive occidentalisée et laïcisée à
la matière humaine chrétienne.
C’est pour cela que les spécialistes
israéliens étudient les composants humain, économique et militaire de
l’entité des Francs [croisés], ainsi que les relations entre cette
entité et les pays d’origine la soutenant. Beaucoup de chercheurs
sionistes se sont intéressés à l’étude des problèmes de colonisation et
d’immigration qu’avait affrontés cette entité des Francs, et ont essayé
de comprendre les facteurs d’échec qui ont conduit à sa disparition.
Mais cet intérêt ne se limite pas aux
cercles académiques, car on trouve des personnalités politiques comme
Yitzhak Rabin et Moshé Dayan qui s’intéressent aux problèmes de
colonisation et d’immigration. En septembre 1970, Yitzhak Rabin a
comparé les royaumes francs et l’état sioniste pour conclure que le
danger principal qui menace Israël, c’est le gel de l’immigration, et
que ceci aboutirait au rapetissement de l’État par manque de sang
nouveau dans ses veines.
Uri Avnery, écrivain et journaliste
israélien, et ex-membre de la Knesset, était l’un des colons sionistes
qui se sont rendus compte depuis le début de l’impossibilité de
réaliser le projet ou le rêve sioniste. Depuis les années cinquante il
était éditorialiste dans le magazine Haolam Hazeh (ce monde-là),
spécialiste dans la critique des politiques sionistes. Avnery
avertissait les sionistes d’un destin similaire aux royaumes francs
dont il ne reste que des ruines. En 1986, il publie un livre intitulé «
Israël sans sionistes » dans lequel il effectue une comparaison
exhaustive entre les royaumes francs et l’État sioniste, car, à
l’instar de ces royaumes, Israël est encerclé militairement parce qu’il
ignore l’existence palestinienne et il refuse de reconnaître que la
Terre promise est habitée par des Arabes depuis des centaines d’années.
Avnery revient au sujet en 1983, après
l’invasion sioniste du Liban, dans un article publié dans Haolam Hazeh
et intitulé « Quelle sera la fin ». Il y signale que les royaumes
francs ont occupé des terres plus vastes de celles occupées pas l’État
sioniste, cependant les Francs étaient capables de tout sauf de vivre
en paix, car les solutions de compromis et la cohabitation pacifique
étaient étrangères à l’essence même de leur entreprise. Et chaque fois
qu’une nouvelle génération demanda la paix, leurs efforts partirent en
fumée avec l’arrivée de nouveaux groupes de colons, ce qui veut dire
que les royaumes francs n’ont jamais perdu leur caractère colonial. De
plus, l’institution militaire et économique des Francs avait un rôle
effectif contre les tentatives de paix, ce qui avait pour effet que
l’expansion des Francs se poursuivait sur une ou deux générations.
Ensuite, la fatigue les a atteints, et la tension entre les Chrétiens
francs d’un côté, et ceux des communautés chrétiennes orientales d’un
autre côté, a augmenté, ce qui a affaibli la société coloniale des
Francs, et a aussi affaibli le soutien financier et humain de
l’Occident. En même temps, une nouvelle renaissance islamique a vu le
jour, le mouvement pour combattre les royaumes francs a commencé, et
les Musulmans ont trouvé de nouvelles routes commerciales à la place de
celles contrôlées par les Francs. Après la mort des premières
générations d’élite dans les royaumes, des héritiers faibles ont pris
leur place alors que des grands dirigeants musulmans sont apparus, à
commencer par Salah-Eddine à la personnalité hors du commun, jusqu’à
Al-Zaher Baybars (1221-1271, un sultan mamelouk, il combat les Croisés
et obtient une victoire importante contre les Mongols à Aïn-Djalout en
1260, NdT). Depuis l’équilibre des forces n’a cessé de pencher en
défaveur des Francs, et rien ne pouvait empêcher leur défaite et leur
fin, avec la fin des royaumes croisés !
Pour tout cela, la hantise de la fin
est revenue une nouvelle fois, suite à cette sixième guerre, après
l’endurance libanaise héroïque devant la barbarie israélienne, et après
l’ingéniosité de la résistance libanaise. Les sionistes ont découvert
les limites de la force et ils ont touché au début de la fin. Et comme
l’explique l’intellectuel israélien Shlomo Reich : « Israël court d’une
victoire à une autre jusqu’à ce qu’il arrive à sa fin inévitable ». Les
victoires militaires n’ont rien accompli, car la résistance continue,
ce qui aboutit à ce que l’historien israélien Jacob Talmon nomme
(d’après Hegel) « la stérilité de la victoire ».
Sources :
www.elmessiri.com,
,
Article original publié le 19 Juillet 2008
URL de cet article sur Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=5539&lg=fr
et-la-Fin-d-Israel_a1629.html