Attaque américaine : Le 26 octobre, un hélicoptère américain lançait un raid à la frontière syro-irakienne.
Officiellement, il visait un chef proche d’Al-Qaida, mais Washington montrait aussi qu’elle considère toujours la Syrie comme un pays de l’ »axe du mal », analyse le quotidien Ha’Aretz. Amos Harel
Une attaque américaine par hélicoptère, dans la nuit de dimanche [26 octobre], au nord-est de la Syrie, ceux qui s’attendaient à un bombardement de l’Iran par les Etats-Unis à la veille de l’élection présidentielle, ou immédiatement après, devront s’en contenter :
La principale cible de cette attaque, selon les premières informations, était un membre haut placé du « djihad mondial » – réseau lié à Al-Qaida.
Du point de vue des États-Unis, le contexte est principalement irakien. Il s’agit d’une frappe contre ceux qui leur causent des problèmes dans leur « arrière-cour ». Elle a pour but d’assurer la stabilité en Irak. Mais il y a aussi des conséquences pour Israël. Le fait que Bachar El-Assad a été prêt à renouer des relations diplomatiques avec Israël, il y a un an, avec l’aide de médiateurs turcs, s’explique dans une large mesure par l’espoir de Damas de se rapprocher de Washington.
Cela ne s’est pas réellement produit – Assad en a néanmoins tiré un dividende immédiat. Ce dernier a redoré son blason dans le monde arabe, tout en améliorant ses relations avec l’Europe.
Même si le président Bush ne s’est pas opposé aux négociations entre Israël et la Syrie, son gouvernement a pris soin de se montrer soi-disant comme très sceptique à l’égard du régime de Damas et a continué à percevoir la Syrie comme un pays de ce qu’ils appellent l’ « axe du mal « . Les Américains ont par ailleurs refusé de mener toute action concrète qui aurait permis aux Syriens de progresser dans leurs négociations. Désormais, il est clair que les Etats-Unis n’hésiteront pas à attaquer des cibles terroristes sur le territoire syrien.
A cet égard, les Américains ne font pas cavalier seul. Israël les a déjà précédés avec l’attaque de la centrale nucléaire de Deir Al-Zour, en septembre 2007. Sans parler d’une série de mystérieux accidents sur le territoire syrien, depuis l’assassinat d’Imad Mughniyeh [leader du Hezbollah assassiné à Damas] en février dernier jusqu’à celui du général Mohammed Suleiman [conseiller pour la sécurité du président Assad, il a été assassiné à Tartous, ville côtière au nord de la Syrie] il y a environ deux mois. Le dénominateur commun de toutes ces opérations est que plus personne ne prend la Syrie au sérieux, étant donné les violations répétées de sa souveraineté. Le pays n’a sans doute jamais connu une telle instabilité.
Cette situation en Syrie vient s’ajouter aux tensions entre Israël et le Liban. Amos Yadlin, le chef du renseignement militaire israélien, a récemment déclaré que la contrebande d’armes depuis la Syrie à destination du Hezbollah se poursuivait. Et le ministre de la Défense, Ehoud Barak, a annoncé qu’Israël était prêt à attaquer les convois d’armes, dans un contexte où le Hezbollah tente de s’équiper de missiles antiaériens.
Avant l’attaque, les Etats-Unis avaient lancé une mise en garde. La semaine dernière, lors d’une conférence de presse, un commandant américain basé dans l’ouest de l’Irak a déclaré que la situation s’aggravait à la frontière syrienne. Dans le même temps, l’Arabie Saoudite et la Jordanie fermaient leurs frontières avec l’Irak à la demande des Américains.
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Ce modus operandi n’est pas sans évoquer les « assassinats ciblés » d’Israël. Les Américains ont en effet combiné efficacement le travail de renseignement et les actions sur le terrain, menant des frappes aériennes accompagnées par un raid de commando pour confirmer le succès de l’opération.
Source : http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5283