Ghadir Khumm

La signification du mot « Khalife » dans la croyance musulmane et son impact sur la division des croyants

Beaucoup de musulmans ne savent pas que la signification du mot « Khalife » dans la croyance musulmane est une question qui a conduit à de nombreuses divisions et désaccords entre les croyants. Selon la croyance musulmane, le prophète Mouhammad (swawas) a désigné son cousin et gendre, Ali ibn Abi Talib (kw), comme son successeur à la tête de la communauté musulmane lors de son sermon à Ghadir Khumm. Cependant, certains compagnons du Saint Prophète et Messager de Dieu (asws) ont plutôt élu un khalife dans un comité restreint avant d’affirmer bien plus tard avoir oublié la désignation de  l’Imam Ali (kw) à Ghadir Khumm. Cet « oublie » a conduit à une division profonde au sein de la communauté musulmane, avec des ramifications qui se font encore sentir aujourd’hui.

Dans cet article, nous allons explorer la signification du mot « Khalife » dans la croyance musulmane, en nous appuyant sur des références coraniques et des sources historiques. Nous examinerons également l’impact de cette interprétation sur la division entre les musulmans.

Ghadir - Khalife

La signification du mot khalife :

Le mot khalife (خليفة) est utilisé dans le Coran pour désigner les êtres humains qui sont nommés par Allah pour être ses vicaires sur terre. Dans la sourate Al-Baqara, il est dit :

« Et quand ton Seigneur dit aux anges : ‘Je vais établir sur terre un vicaire’ […]  » (Coran, 2:30).

Ici, le terme khalife est utilisé pour désigner Adam, le premier être humain créé par Allah. Le rôle d’Adam en tant que vicaire d’Allah était de maintenir l’ordre sur terre en adorant Allah et en respectant les règles qu’Il avait établies.

La signification du mot wali :

Le critère essentiel pour être désigné comme khalife est la wila, qui signifie l’intimité avec Allah. Le mot wali (ولي) est utilisé dans le Coran pour désigner les croyants qui ont atteint un haut niveau de piété et qui ont été choisis par Allah pour être ses amis intimes. Dans la sourate Yunus, il est dit :

« Certes, les amis d’Allah n’ont rien à craindre, et ils ne seront point affligés » (Coran, 10:62).

Ainsi, la wila est une condition sine qua non pour être désigné comme khalife, car celui qui a atteint un tel niveau de piété et d’intimité avec Allah est considéré comme étant le plus digne d’assumer cette responsabilité.

La signification du mot « Khalife » dans la croyance musulmane :

Dans la croyance musulmane, le mot « Khalife » est dérivé de la racine arabe « kh-l-f », qui signifie « succéder » ou « remplacer ». Dans la croyance musulmane, le mot « Khalife » est utilisé pour désigner un successeur ou un représentant de Dieu sur terre. Dans le Saint Coran, le mot « Khalife » est utilisé pour décrire Adam (as), le premier homme créé par Dieu :

« Et lorsque ton Seigneur dit aux Anges : « Je vais créer un Khalife sur terre », ils dirent : « Vas-Tu y désigner quelqu’un qui y mettra le désordre et répandra le sang, tandis que nous Te glorifions par Tes louanges et Te sanctifions ? » Dieu dit : « Je sais ce que vous ne savez pas ». » (Sourate 2, verset 30)

Dans ce Saint verset, Dieu désigne Adam (as) comme son Khalife sur terre, ce qui implique qu’Adam (as) est le représentant de Dieu sur terre et que l’être humain doit veiller à maintenir l’ordre et la justice sur terre.

Dans d’autres versets du Coran, le mot « Khalife » est utilisé pour décrire les croyants en général, qui sont considérés comme les représentants de Dieu sur terre :

« Ô vous qui croyez ! Soyez des témoins d’équité pour Dieu. Que la haine envers un peuple ne vous incite pas à commettre des injustices. Soyez justes, cela est plus proche de la piété. Et craignez Dieu. Dieu est certes bien informé de ce que vous faites. Dieu promet à ceux qui croient et font les bonnes œuvres qu’Il leur donnera la Khilafa (succession) sur terre comme Il l’a donnée à ceux qui les ont précédés. »

Dans ce verset, les croyants sont décrits comme les successeurs sur terre. Le mot « Khalife » est souvent traduit en français par « successeur », mais cette traduction ne rend pas tout à fait compte de sa signification originelle. En effet, en arabe, « Khalife » (خَلِيفَةً) signifie avant tout « vicaire » ou « représentant », ce qui renvoie à une notion de relation spirituelle et intime avec Allah. Cette signification est attestée dans plusieurs passages du Coran, où le mot « Wali » est utilisé pour désigner Adam (as) comme le premier vicaire d’Allah sur Terre.

 « Et lorsque ton Seigneur dit aux anges : « Je vais établir sur terre un vicaire »… »

« Ô David, Nous avons fait de toi un vicaire sur terre… »

« Ne vous rappellez-vous pas qu’Il vous a établis vicaires après le peuple de Noé… »

Ces passages évoquent la création d’Adam (as) en tant que représentant de Allah (swt) sur Terre, chargé de préserver l’ordre divin et de diriger les êtres humains vers le droit chemin.

Dans l’histoire de l’Islam, la signification du mot « Khalife » a été largement débattue et a donné lieu à des interprétations divergentes. L’une de ces interprétations, celle qui a prévalu chez les sunnites, considère le khalife comme un successeur politique du prophète Mohammed (sawaws), ayant pour rôle de diriger la communauté musulmane.

En revanche, chez les chiites, (Le mot « Chiite » vient du mot « Chi3i », de l’expression arabe « Shi’atu Ali », qui signifie « partisans d’Ali ») le terme « Khalife » a été compris comme désignant un vicaire spirituel ayant une relation intime avec Allah, ce qui est effectivement en accord avec la signification originelle du mot dans le Saint Coran. Pour les chiites à ce moment, le seul vrai khalife est Ali (kw), le cousin et gendre du Saint Prophète Mohammad (sawaws), désigné par lui comme son successeur et représentant spirituel.

Cette différence d’interprétation a conduit à une division profonde entre les sunnites et les Shi’atu Ali, les partisans de Ali, qui perdure encore aujourd’hui. Elle est liée à la question de la légitimité politique et spirituelle. Les sunnites considèrent que le khalife doit être élu par une assemblée de savants religieux, tandis que les partisans de Ali (asws), les chiites, considèrent que le khalife doit être désigné par le prophète lui-même, ou par l’imam qui lui succède dans sa descendance. Cette différence de point de vue reflète des divergences plus larges sur la nature de l’autorité spirituelle et politique dans l’Islam, qui ont influencé l’histoire et la théologie de cette religion.

Le fait que chez les sunnites, le khalife est traditionnellement élu par une assemblée de savants religieux et que, chez les chiites, le khalife est désigné par le prophète Mohammed (asws) ou par l’imam (as) qui lui succède dans la tradition chiite, ne répond pas à la question sur la légitimité du khalife qui continue de diviser les deux courants de l’Islam, reflétant des divergences plus larges sur la nature de l’autorité spirituelle et politique dans cette religion.

Qui est donc le Khalife ?

Après la mort du prophète Mouhammad (asws), les compagnons (ra), comme mentionné précédemment, se sont réunis en commité restreint pour élire son successeur ou khalife. Cependant, certains musulmans ont contesté cette élection et ont soutenu que le khalife devait être choisi par Allah Lui-même, conformément à la signification du mot khalife en tant que vicaire ou représentant de Dieu.

Les chiites croient qu’Ali (k.w.), en tant que cousin et gendre du Prophète, était le seul successeur légitime. Ils considèrent également que les imams (as) qui ont suivi Ali (k.w.) sont les seuls à détenir l’autorité spirituelle et politique. En se basant sur la signification du mot khalife dans le Saint Coran, il est très facile de se rendre compte qu’Ali (kw) était effectivement le seul à remplir tous les critères pour être identifié comme le khalife puisqu’il était Wali (intime) de Dieu et que le Khalife ne peut pas être reconnu comme tel, s’il n’est pas le Wali. Aucun des compagnons (ra) , sauf Ali (kw), n’avait été identifié ou déclaré par le Saint Prophète en personne (asws) comme étant son successeur.

La division entre sunnites et chiites ne se limite pas à la question de la succession du Prophète (asws), mais est également influencée par des facteurs historiques, politiques et culturels. Les partisans de Ali (kw), les chiites, ont été persécutés et de nombreuses campagnes de diffamations ont eu lieu pour les discréditer. L’inversion accusatoire a été utilisée et les musulmans restés fidèles au Saint Prophète Mouhammad et sa Sainte Famille (asws) ont été accusés, par exemple, de se développer en tant que mouvement de dissidence politique et ont été victimes de persécutions sous les califes sunnites, ce qui a renforcé leur sentiment de séparation.

Oppression contre la Sainte Famille du Saint Prophète Mouhammad (asws).

Il y a eu de nombreux épisodes de persécution contre la famille du prophète dans l’histoire de l’islam suite aux mauvaises interprétations du mot Khalife. Ce sujet est extrêmement important et il fait actuellement l’objet d’un travail de recherche et de rédaction qui devrait être publié dans les prochains mois in cha Allah.  En attendant, permettez moi de vous citer deux exemples :

  • Le massacre de la famille du prophète à Karbala en 680 après J.-C., où l’imam Husayn (asws), petit-fils du prophète (asws), et plusieurs membres de sa famille (asws) ont été tués par les forces du calife omeyyade Yazid Ier (l.a.).
  • Les arrestations et les emprisonnements de membres de la famille du prophète (as) sous le calife abbasside Al-Ma’mun au 9ème siècle après J.-C. en raison de différends théologiques.

Ces événements, et beaucoup d’autres, ont contribué à renforcer le sentiment de séparation entre les chiites et les sunnites, et ont également conduit à l’émergence d’un fort sentiment d’attachement à la Sainte Famille du Saint Prophète Mouhammad (asws) parmi ceux qui ont pris le parti de la Saint Famille du Saint Prpphète Mouhammad (sawaws).

L’événement lors duquel l’Imam Hussein (asws), petit-fils du Saint Prophète Mouhammad (swaws), a été tué avec sa famille et ses partisans (as) lors de la bataille de Karbala en 680 de l’ère chrétienne, est considéré comme l’un des événements les plus tragiques de l’histoire des partisant de l’Islam de Mouhammad (as) et a renforcé leur sentiment de persécution.

La mauvaise compréhension du terme khalife a été, dès le départ, l’une des principales source de division et de conflit au sein de la communauté musulmane. En tant que vicaire de Dieu sur Terre, le khalife ne doit pas être élu ou désigné par les hommes, mais il doit plutôt être identifié en fonction de sa qualité de Wali, ou ami intime de Dieu, et non simplement en tant que successeur du Prophète (sawaws). Les musulmans doivent comprendre l’importance de cette distinction et travailler à surmonter les divisions causées par une mauvaise interprétation du sens de ce terme important, au lieux de se combattre pour des questions de pouvoir ou de richesses éphémères qu’ils ne pourront de toutes facons jamais posséder éternellement, puisque tout appartient à Son véritable Propriétaire, Allah swt qui a dit au verset 54:1 « اقْتَرَبَتِ السَّاعَةُ وَانشَقَّ الْقَمَرُ »

La communauté musulmane partage des valeurs fondamentales et des croyances communes, telles que la foi en Allah et en ses enseignements, et ces différences d’interprétation ne doivent pas conduire à des conflits ou à des divisions. Au lieu de cela, les musulmans doivent travailler ensemble pour construire une communauté unie et respectueuse, en honorant les enseignements du Saint Coran par leur fidélité aux Écritures Saintes.

En effet, la signification du mot khalife dans le Saint Coran est clairement définie, et le rôle du khalife est de représenter Dieu sur terre et d’établir la justice et l’ordre. La compréhension erronée de ce rôle a été la source de divisions parmi les musulmans, alors que la signification du mot khalife dans le Saint Coran était claire depuis le début.

Que la paix soit sur vous.

Selem alykoum

Smaïn Bédrouni