Bricolage et diplomatie : Washington n’a pas réussi à persuader les États arabes de soutenir les actions américaines contre la Russie.
Coté diplomatie, le voyage de Biden au Moyen-Orient a été pire qu’une occasion manquée. Il a porté atteinte aux intérêts des États-Unis en matière de sécurité dans la région, montrant au monde que ni l’Arabie saoudite ni les autres États du Golfe ne font suffisamment confiance aux États-Unis pour faire des sacrifices afin de renouer des relations fortement détériorées. Telle est l’évaluation de la récente visite du président américain au Moyen-Orient faite par l’influent journal américain Wall Street Journal. C’est à peu près ce que la majorité de la communauté mondiale a ressenti à propos de la tournée.
À ce sujet, le chroniqueur de l’Étoile Rouge s’est entretenu avec le célèbre politologue et analyste militaire, Dr. Sergei Pechurin, membre du Conseil scientifique du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie
« … À Washington, ils pensent que leur contrôle sur la « presse à imprimer », la disponibilité d’immenses richesses et l’abondance d’armes de haute technologie est une autorisation accordée pour toute action, y compris celles qui ne sont pas entièrement réfléchies sur la scène de la politique étrangère. Néanmoins, les Américains ont toujours eu des problèmes dans cette région, en mettant en œuvre telle ou telle initiative.
« … Israël a essayé de recevoir Biden au plus haut niveau, mais ce dernier n’a pas réussi à obtenir l’accord des dirigeants israéliens sur l’assistance militaire et technique directe à l’Ukraine et la levée de l’interdiction de réexportation d’armes et de munitions israéliennes vers ce pays. Il n’a pas non plus l’intention de transférer des armes de haute précision, des batteries anti-missiles, ceci afin de ne pas gâcher les relations traditionnellement bonnes avec la Russie depuis l’époque de Gorbatchev ».
« … Biden prévoyait d’amener Riyad à augmenter les livraisons de pétrole sur le marché mondial, ce qui entraînerait une baisse des prix des matières premières russes. Les États-Unis voulaient ainsi stabiliser le marché, y compris le marché intérieur, qui était en crise après les sanctions imposées à la Russie. L’hôte de la Maison Blanche s’attendait à un accueil très froid. »
« … Toute décision de modifier les niveaux de production doit être prise par Riyad exclusivement en consultation avec les membres de l’OPEP+, c’est-à-dire la Russie entre autres. »
« … Il est intéressant de noter que l’échec de Biden en Arabie saoudite s’est immédiatement transformé en une nouvelle hausse des prix du pétrole pour les États-Unis. »
« … Biden, lors de sa visite au sommet du Conseil de coopération du Golfe, a tenté de stimuler la formation d’une alliance israélo-arabe contre l’Iran et d’opposer les États arabes à la Russie et à la Chine. Les cercles dirigeants des États arabes, qui ont connu l’expérience de l’Afghanistan, sont prudents et hésitent à faire confiance aux Américains, car ils savent que les États-Unis peuvent agir de la sorte avec n’importe lequel de leurs alliés. »
« … L’Arabie saoudite et l’Égypte ont annoncé qu’elles allaient demander aux BRICS d’être acceptées dans cette organisation à laquelle participent la Russie et la Chine. La visite de Biden au Moyen-Orient est donc une preuve supplémentaire que l’hégémonie américaine dans la région touche à sa fin et que les élites arabes sont enclines à adopter une politique étrangère multisectorielle. »
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