La télévision israélienne
célèbre le crime organisé
En Israël, le meurtre
de Palestiniens et leur mutilation sont ouvertement applaudis aux plus
hauts niveaux. Et y a-t-il quelqu’un en occident pour le constater ?
Avril 2007 – Assassinat d’un résistant
palestinien.
La tension dans l’assistance était évidente samedi dernier alors
qu’elle attendait d’Emanuel Rozin, présentateur de la chaîne de
télévision israélienne Canal 2, qu’il annonce qui était l’homme de
l’année « [hébraïque] ». Pour augmenter le suspens dans l’assistance,
Rozin a énuméré les réalisations de la personnalité en question avant
de livrer son nom.
« C’est l’homme qui n’a fait
qu’exécuter de bonnes actions… C’est la personne qui est devenue
célèbre pour avoir découpé les têtes de Palestiniens avec un couteau
japonais… Il est né avec un couteau entre les dents… C’est le chef
du Mossad, Meir Dagan ! » Et la salle a croulé sous les
applaudissements lorsque Rozin a annoncé que Dagan était homme de
l’année.
Rozin a veillé à mentionner certains
des hauts faits « secrets » de Dagan, particulièrement l’assassinat du
commandant du Hizbullah, Imad Mughniyah, et la fourniture des
informations qui ont permis à l’Armée de l’Air israélienne de bombarder
un centre de recherches au nord-est de la Syrie. Après avoir annoncé
que Dagan était l’homme de l’année, l’émission de télévision a présenté
son profil reprenant ses états de service pendant son carrière
militaire et comme responsable du Mossad.
Tous les collègues et connaissances de
Dagan qui ont été interviewés n’ont pas tari d’éloges sur son
imagination pour assassiner des Palestiniens et des Arabes. Le général
à la retraite Yossi Ben Hanan, un ancien collègue de Dagan, témoignait
sur son insistance à assassiner des Palestiniens lui-même une fois
qu’ils lui avaient été amenés. Ben Hanan a chaudement félicité son
grand ami pour cela.
MEIR DAGAN, LE BOUREAU DU MOSSAD
|
Juste avant puis après que Dagan ait
été nommé homme de l’année, un certain nombre de rapports de presse ont
été publiés au sujet des atrocités qu’il a commises contre les civils
palestiniens et libanais. Ces rapports, élaborés par des journalistes
israéliens reconnus, confirment que Dagan a été nominé en raison de ces
atrocités.
Aluf Ben Ahed, un commentateur du
journal Haaretz, a publié un rapport sur Dagan le 26 septembre dans
lequel il écrivait que l’ancien premier ministre Ariel Sharon lui-même
avait insisté pour que Dagan soit nommé à la tête de Mossad, « en
raison de son immense expérience et de son passe-temps consistant à
découper les têtes des Arabes », tel qu’il l’a rapporté.
Ben Ahed a écrit aussi que la relation
entre Sharon et Dagan remontait au début des années 70 lorsque Sharon
était commandant de la région sud et Dagan commandant de l’escadron de
la mort Rimonim. Sharon avait alors confié à Dagan la mission d’enlever
et d’assassiner les combattants de la résistance palestinienne dans la
bande de Gaza.
Sharon appréciait beaucoup voir Dagan
couper lui-même les têtes des résistant palestiniens après leur
assassinat. Ben Kasbit a écrit qu’un certain nombre de soldats qui ont
servi sous Dagan dans la bande de Gaza au cours de cette période ont
plus tard souffert de troubles psychologiques pour avoir appliqué des
ordres de Dagan en tuant d’atroce façon des Palestiniens. Après avoir
fait leur période militaire, certains d’entre eux ont perpétré des
crimes [dans la société israélienne], et lorsqu’ils ont été jugés, ils
ont dit avoir été affectés par les atrocités commises sous les ordres
de Dagan, contre des Palestiniens.
Le journaliste Gidéon Lévy a publié un
article le 2 octobre où il indiquait que la censure militaire avait
empêché la publication d’un rapport que les journalistes avaient
préparé il y a des années sur les atrocités dont Dagan s’était rendu
responsable contre les civils libanais alors qu’il était commandant de
l’armée israélienne au Sud du Liban dans les années 80. Si la censure
militaire israélienne autorise aujourd’hui la publication de rapports
confirmant le passe-temps de Dagan de couper les têtes des
Palestiniens, on peut supposer que ce qui reste censuré est encore plus
atroce.
Al-Ahram weekly a rassemblé des
témoignages de Palestiniens ayant été témoins des atrocités de Dagan
dans la bande de Gaza pendant les années 70, lorsqu’il était commandant
de l’unité Rimonim. Rabia Abu Samheh, âgée de 63 ans, qui vit dans le
camp de réfugié d’Al-Maghazi, faisait partie de ces témoins.
En juillet 1971, Abu Samheh était en
route pour rentrer chez elle dans le quartier à l’ouest du camp après
une visite à une amie dans le quartier situé à l’est, lorsqu’elle a
remarqué que la rue principale du camp était complètement vide : elle
avait été envahie par des membres de l’unité Rimonim, lesquels
portaient des bérets rouges. Quand elle s’est approché de la principale
mosquée du camp, elle a été témoin d’une scène qu’elle n’oubliera
jamais. Les soldats ont ouvert le feu sur trois jeunes hommes
palestiniens, puis un soldat a jeté un des tués dans un puits d’ordures
près de la mosquée. Abu Samheh a été choquée par la scène et oubliant
sa peur elle s’est précipitée vers les soldats pour les empêcher de
jeter les deux autres morts dans le puits. Ils l’ont alors battue avec
les crosses de leurs fusils jusqu’à ce qu’elle ait le visage en sang.
Salem Sarirat, âgé de 58 ans, vit près
de la frontière entre la Bande de Gaza et Israël. Il raconte qu’il
menait son troupeau de moutons dans le pâturage près de sa maison
lorsqu’il a entendu des véhicules militaires tout près de là. Il s’est
précipité chez lui et a observé de sa fenêtre ce qui arrivait, voyant
que des soldats de l’unité Rimonim sortaient deux jeunes hommes
palestiniens d’un des véhicules et les attachaient à un arbre. Puis un
militaire qui selon Sarirat était Dagan lui-même, s’est approché d’eux
avec un couteau à la main. Il l’a planté dans le coup d’un des deux
jeunes qui criait et puis l’a violemment tourné dans tous les sens
jusqu’à ce que sa tête ait été découpée. Puis il a procédé de même avec
l’autre garçon.
Ben Aluf et Ben Kasbit conviennent que
Dagan a remporté le prix [de canal 2] pour sa cruauté dans ses actes
comme commandant de l’unité Rimonim. Gideon indique que personne
d’autre n’a dirigé le Mossad en ayant commis autant d’atrocités, de
crimes, et en ayant répandu autant de sang que Dagan.
Ronin Briegman qui écrit dans le
journal à grande diffusion Yediot Aharonot, a publié un article le 7
août dans lequel il expliquait que Sharon avait été contrarié par la
politique d’Ephraim Helevi, prédécesseur de Dagan à la tête du Mossad,
parce que l’agence n’avait pas commis d’assassinats pendant son mandat
qui aurait prouvé la force et la portée des actions israéliennes.
Sharon était également irrité du fait qu’Helevi n’avait pas entrepris
de mission pour contrecarrer le programme nucléaire iranien, une
mission que Dagan a pris en charge au nom du Mossad.
Ronin Briegman indique que les listes
d’opérations exécutées par le Mossad sous le mandat de Dagan ont
toujours été très chaudement accueillies par Sharon et son successeur
Olmert. Ces opérations comprenaient l’assassinat de Mughniyah, le
bombardement d’une usine supposée d’armes chimiques en Syrie et le
meurtre de dizaines d’experts syriens et iraniens, et la fourniture de
renseignements permettant le bombardement d’un centre de recherches au
nord-est de la Syrie qui selon Israël abritait un réacteur nucléaire
syrien en construction avec l’aide d’experts venus de Corée du Nord.
Briegman indique que sous le mandat de Dagan, le Mossad a assassiné
Ramzi Nehareh, un commerçant lié au Hizbullah, Ghalib Awaleh, un
responsable de l’aile militaire du Hizbullah, Ali Hussein Saleh, un
chauffeur de l’ambassade iranienne à Beyrouth, Abu Hamza, responsable
du Jihad islamique au sud du Liban, ainsi que bien d’autres.
Olmert un criminel ?
|
Tous les journalistes qui ont écrit sur le Mossad à
l’époque de Dagan ont dit à quel point Olmert est impliqué dans
l’élaboration des listes d’opérations exécutées par le Mossad. Ces
journalistes rapportent que Dagan se rend au bureau d’Olmert chaque
jeudi avec une liste d’opérations qu’il veut voir approuvée par Olmert,
et qu’Olmert validait toutes les propositions de Dagan. Il y a un
consensus en Israël sur le fait que Dagan est aujourd’hui la
personnalité la plus influente parmi ceux qui décident à Tel Aviv, et
qu’en raison de ses hauts faits, Olmert a insisté à deux reprises pour
que le mandat de Dagan à la tête du Mossad soit reconduit.
Il est ironique et inexplicable que le
monde ose qualifier de terroristes les mouvements de la résistance
arabe et palestinienne, alors qu’Israël a produit des terroristes
beaucoup plus sadiques et criminels. De plus, le massacre à grande
échelle d’innocents est devenu la norme pour accorder des promotions à
des chefs militaires et leur octroyer de plus grandes responsabilités.
Israël bloque un accord sur un échange
de prisonnier avec le Hamas visant à libérer Gilad Shalit, le soldat
israélien capturé, sous le prétexte qu’il ne peut pas accepter de
libérer des prisonniers palestiniens qui ont tué des soldats et des
colons. En attendant, Israël célèbre ceux qui excellent à découper les
têtes arabes.
Khalid Amayreh – Al Ahram Weekly
Du même auteur :
Israël s’attaque à la mosquée Al Aqsa – 4 septembre 2008
Source en anglais
Traduction de l’anglais : AIO
Source : ICI
http://www.quebecogres.info/article.php3?id_article=1185