Le dernier match « amical » France Tunisie qui s’est déroulé au stade de France un certain mardi s’est révélé extrêmement inamical à l’égard du pays d’accueil et de l’équipe qui portait ses couleurs. C’est que l’hymne national français (La Marseillaise) a été fortement; longuement conspué. Ces sifflets ont été déclarés indélicats, honteux, scandaleux. Ils le sont en effet. On ne peut que regretter que, lors d’une manifestation sportive, une équipe qui se produit ou qui est en instance de se produire sur le terrain voit et entend son hymne national chahutée à l’extrême. Les Algériens, les Marocains, les Tunisiens qui ont la fibre nationale à fleur de peau (Le patriotisme en France qui était celui de la poche depuis les années Giscard est-il révolu ?) n’auraient jamais accepté et n’accepteront jamais que leur hymne patriotique soit bafoué. Ces sifflets du Stade de France sont condamnables, sont regrettables, inexcusables. Cela ne doit pas nous empêcher de garder la tête froide, de comprendre ce qui s’est passé et de prêter le flanc à des amalgames coutumiers que des éditorialistes ont utilisé pour stigmatiser et encore stigmatiser. Certains ont réagi à chaud et se sont livrés à des dérapages regrettables. Sur les ondes d’une radio périphérique, un personnage français en vue, très en colère a déclaré que les siffleurs étaient purement et simplement des….. »abrutis ». Voilà le mot de trop, le mot qu’il ne fallait pas prononcer comme il ne fallait pas prononcer les mots « racaille et « karcher » d’autant qu’on portait la casquette de ministre d’Etat, de ministre de tous les Français.
Si «La Marseillaise» a été copieusement sifflée mardi soir lors du match amical France-Tunisie, dans un stade largement acquis à l’équipe visiteuse, les raisons sont multiples mais les déclarations outrancières de certains dirigeants politiques et sportifs qui doivent impérativement être rappelés à l’ordre frôlent l’indécence et la provocation.Il est patent de constater que les sifflets qui ont ponctué la Marseillaise sont l’expression d’un signe de révolte difficilement canalisée et canalisables par les jeunes des banlieues et d’autres Français en situation difficile, pour ne pas dire tragique, sifflets qui traduisent la mal vie, la précarité, le malaise constant et font rappeler à SARKOZY qu’il n’a jamais tenu ses promesses pour améliorer la situation dans les banlieues, lui qui a trop longtemps excellé dans la langue de bois. Ces sifflets ne sont pas dirigés contre l’hymne national Français et tout porte à croire qu’ils le sont contre l’Etat français, son président SARKOZY et les membres de son gouvernement et qui démontrent que le problème des banlieues qui resurgit n’a jamais été résolue et pris à bras le corps par le gouvernement de François FILLON qui ne redoute pas une explosion bis des banlieues, un gouvernement qui a peut-être prévu la répression et l’usage de méthodes musclées pour résoudre radicalement le problème des banlieues .
Ceux qui ont des notions de psycho-pédagogie savent qu’un enseignant sait qu’une punition doit toujours être individuelle et non collective (fût-ce pour l’exemple). Ils savent qu’un élève ne naît pas insolent, agressif, insupportable. Il le devient (car la société dans laquelle nous vivons crée des automatismes psychosociaux). Qui sont ces siffleurs qui utilisent la bonne caisse de résonance qu’est le Stade de France? Pour la plupart, il s’agit de Français de seconde catégorie qui veulent exprimer haut et fort leur mal-vie, leur refus de ghettoïsation de fait qu’ils subissent. La mère-patrie n’a pas été et n’est pas aimante pour eux. Elle est en fait l’amère patrie et même la marâtre patrie. Les sifflements au Stade de France leur servent d’exutoire. Ce n’est pas en délocalisant l’exutoire qu’on aura le remède adéquat et idoine.
Les sifflets sont révélateurs d’un malaise profond. Bernard Laporte (Bernard Laporte se prononçait pour la fin des matches avec le Maghreb au Stade de France) veut jouer au dur, au champion de rugby. Il ne vise plus qu’à une ségrégation à l’encontre des pays du Maghreb. Nicolas SARKOZY, l’homme qui a inventé la racaille et le karcher remet çà sur le tapis. Michèlle Alliot Marie (ministre de l’intérieur), Roselyne BACHELOT (ministre des sports), Bernard Laporte (secrétaire d’Etat aux sports), Voix fidèles de celui qui les fait rois rivalisent de formules à l’emporte-pièce. Ils ne sont que les porte-voix de SARKOZY et accumulent les maladresses et les bourdes à répétition. Si l’on veut continuer à entendre siffler le train de la justice sociale et cesser d’entendre les sifflets de ceux qui sont rejetés de fait par les institutions, il faut penser à faire de jeunes Français qui ont le sentiment d’être des Français entièrement à part des Français à part entière, il faut entendre et décoder le message du Stade de France. Ceux qui ont sifflé la Marseillaise ne sont pas des « abrutis » comme l’a suggéré notre insuffisant mental, ce ne sont pas des voyous, ce sont des désespérés et des parias qui ont interpellé le président de la république et ses ministres. Ils cherchent à reprendre espoir. Fasse le ciel que la guerre des banlieues soit éteinte à la source et soumise à un traitement de choc en amont.
Souleiman
Le 18 Octobre 2008